Modélisation de la CompleXité
Programme européen MCX
"Modélisation de la CompleXité"

Association pour la Pensée Complexe
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Note de lecture

Rédigée par JLM sur l'ouvrage de De CECCATY Max :
« Conversations cellulaires et communications humaines »
     Ed. du Seuil - Paris 1991, 250 p.

L'ouvrage s'ouvre sur une interpellation sympathique : "Les commis voyageurs de la communication sont priés de mettre un peu d'ordre dans leurs affaires"... "Car tout le monde est concerné". Et il se poursuit par une déclaration d'intention prometteuse : l'étude des communications cellulaires n'a commencé que depuis trois décennies et s'accélère avec l'immixion de la biologie cellulaire (qui a failli les faire oublier !). Cette étude ne peut-elle apporter quelques ressources nouvelles qui "expliquent le fouillis actuel de la Communication" ? En attendant une hypothétique théorie générale de la communication "qui pour l'instant n'existe pas" ne peut-on "rassembler" et mettre en ordre les données" en s'aidant des niveaux d'analyse que retient la biologie cellulaire ct moléculaire ? En assumant les deux faces de sa culture "celle du biologiste et celle du citoyen" Max de Ceccaty va s'efforcer "d'explorer le fouillis de la communication sociale" (Shannon et Weaver, Bateson et Watzlawick, Wiener et Ashby, Serres et Levi strauss, etc...) en s'aidant des "modéles" présumés des communications intercellulaires au sein des tissus organiques. Modèles incertains encore, qui doivent plus à la cybernétique classique qu'à la systémique de la complexité semble-t-il.

Exploration sympathique d'un chercheur cultivé, qui cite volontiers P. Valéry ou E. Morin, mais qui laisse le lecteur quelque peu insatisfait. S'il connaissait "le fouillis", il le retrouve, enrichi parfois d'anecdotes plaisantes, mais il ne "l'organise" guère mieux. Les modèles de la communication cellulaire sont encore bien hypothétiques (les cellules communiquent ou échangent-elles ? Qu'échangent-elles ? Comment ?). On change subrepticement de paradigme, de l'énergétique à l'inforgétique, sans que ce changement s'explicite assez dans l'interprétation. L'imbrication ces régulations neuronales et hormonales n'est-elle pas décisive pour comprendre ces interactions complexes. Les enjeux épistémologiques des questions abordées ne sont-ils pas réduits à un tableau bien "réducteur" proposé par le biologiste R. Chase que l'auteur semble faire sien en le résumant (p. 192) : "Descartes tenant de l'interactionisme objet-sujet", n'est-ce pas une interprétation trop "facile" ?

Que l'entreprise soit tentée, malgré ses difficultés, mérite d'être salué. Ne faisons pas griefs à l'auteur de n'avoir pas défait du premier coup le noeud gordien de la communication. Son essai, comme celui contemporains de D. Bougnoux ("la communication par la bande") constitue un terreau... au sein duquel, peu à peu, germera le buisson ardent des sciences de l'information et de la communication entendues enfin dans leur complexité.

Fiche mise en ligne le 12/02/2003


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