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Table Ronde

10.1.B

Mardi 10 Juin

9h-10h45
LA FORMATION DE FORMATEURS :
DIALECTIQUE DU FAIRE ET DU SAVOIR

Animation :

J.C. SALLABERY (IUFM d'Aquitaine)
Contributions préparées

F. Gomez, B. Hostein

(IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education)
" Le mémoire professionnel : action - évaluation - écriture "

F. Lerbet-Sereni

(IUFM de Caen, Sciences de l'Education)
" Cadrage et recadrage de pratiques : l'écriture et les processus auto- et hétéro-référentiels dans la formation par alternance "

F. Morandi

(IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education)
" Production de savoirs et formation professionnelle "

P. Peyré

(Université de Pau, Sciences de l'Education)
" Projet professionnel : les formateurs entre la pratique, la théorie et la recherche "

D. violet

(Université de Tours, Sciences de l'Education)
" Pragmatique de l'alternance "



Notes

La formation de formateurs
10.1
Le mémoire professionnel : action - évaluation - écriture

F. GOMEZ, B. HOSTEIN

IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education

B

Mardi 10 Juin, 9h-10h45


L'alternance est-elle pratiquée dans les diverses formations d'enseignants ? De prime abord, un regard externe en voit des traces multiples. En formation continue, les stages consistent le plus souvent à actualiser les compétences pour faire face aux évolutions de programmes et à l'expansion des innovations. Ainsi, sont confrontÈes les pratiques "expérimentales" et les phases de généralisation à partir des expériences réalisées par les premiers acteurs. Les concours internes, comme les plans de résorption de l'auxiliariat, présentent des épreuves qui font appel aux acquis professionnels. Par ailleurs, la formation initiale des instituteurs a introduit, depuis plus de quarante ans, les stages alternant avec les périodes de regroupements des futurs maîtres en écoles normales. Ainsi, il est apparu que diverses formes d'analyses et de pratiques professionnelles constituaient des phases indispensables à la formation. Cela correspond à une logique formative. En revanche, c'est plus une logique gestionnaire qui a introduit les pratiques professionnelles en formation des professeurs du second degré. Dans ce cas, on pourrait envisager que les Stagiaires sont utilisés comme de simples moyens d'enseignement.

La création des IUFM, en 1991, n'a de fait introduit qu'une innovation dans les pratiques de formation : le "mémoire" y est d'emblée qualifié de "professionnel". Il contribue à renforcer l'apparence d'une formation par alternance au cours de la seconde année d'IUFM. Et pourtant, il s'avère que les professeurs-stagiaires ne le vivent nullement comme outil d'alternance. A partir de ces constats, cette contribution pose les questions suivantes :

- une formation professionnelle ne doit-elle pas disposer, comme fondement de son projet, d'une image réfléchie de la professionnalité qu'elle prépare ?

- le sens des diverses phases de formation peut-il naître hors de l'articulation conduite personnellement, dans l'action professionnelle, entre connaissances, savoirs, ...?;

- l'exercice personnalisé de la réflexivité, constitutive de l'exercice d'une profession, ne correspond-il pas à une logique (auto)évaluative ?;

- dans un modèle intégrateur, comment le MP peut-il jouer un rôle organisateur du sens pour une formation par alternance des enseignants ?


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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


La formation de formateurs
Cadrage et recadrage de pratiques : l'écriture et les processus auto- et hétéro-référentiels dans la formation par alternance

F. LERBET-SERENI IUFM de Caen,

Sciences de l'Education

10.1

B

Mardi 10 Juin, 9h-10h45



Interroger l'alternance en formation, ce n'est pas tant interroger les deux pôles qu'elle met en jeu, que l'espace d'entre-deux que le projet même d'alternance porte en lui. Porter le regard sur les pôles serait en fait penser l'alternance en termes d'alternative, en tentant d'ajuster, dans le temps, des jeux où les pôles se potentialiseraient et s'actualiseraient réciproquement. Dans le cadre de formations techniques, où serait essentiellement visée l'appropriation de "gestes" dénuée de tout projet d'éventuel transfert de compétences, une conception alternative de la formation pourrait être valide.

Quand il s'agit de formations de formateurs, c'est-à-dire de formations professionnelles aux métiers de l'humain, du vivant socialisé, toujours en mouvement et toujours dans des entremêlements multiples et complexes (complexus : tissé ensemble), c'est dans et par ces entremêlements mêmes que doit se concevoir la formation. L'alternance peut être une de ces réponses de formation à cette professionnalisation particulière des métiers de la rencontre avec l'autre-dans-le-monde, en aidant les formateurs-se-formant à réfléchir et à construire leur propre rapport à des altérités multiples, et à affermir leur auto-référence.

Il s'agit alors d'une problématique de l'alternance envisagée comme problématique de la conjonction, de la pensée dialogique, qui peut être posée de la façon suivante : comment construire et faire vivre un dispositif de formation où l'alternance alimentera le procès d'intégration et de mise en tension dynamique entre les pôles ? C'est donc sur le "et" de couples d'alternance que nous nous interrogerons, en essayant de montrer comment ce "et" relève de la coupure-lien : coupure-lien entre théorie et pratique, coupure-lien entre soi et soi, via des situations personnelles partagées. C'est l'émergence d'une identité professionnelle à la fois plus ouverte et plus consistante qui est visée, une identité professionnelle lucide de sa labilité, et, partant, peut-être plus à même de vivre les situations paradoxales qui la constituent.

Nous verrons dans quelle mesure (dans quelles conditions) les ateliers d'analyse de pratiques peuvent être un support pour des projets de formation continue des éducateurs de cet ordre. Notre parcours retracera l'histoire d'un de ces ateliers, ses avancées et ses écueils, et le regard que la question de l'alternance, soutenue par l'écriture individuelle et conçue comme coupure-lien d'articulations multiples, peut porter sur cette expérience.


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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997

La formation de formateurs
10.1
Production de savoirs et formation professionnelle

F. MORANDI IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education

B

Mardi 10 Juin, 9h-10h45


Le cahier des charges de la formation initiale des professeurs des écoles, mis en oeuvre par les plans de formation des IUFM (Institut Universitaires de Formation des Maîtres) prévoit différentes modalités qui coïncident avec une pédagogie d'alternance. Celle-ci vise notamment à favoriser la mise en place des "compétences professionnelles" des enseignants du premier degré.

Après avoir exposé les différents aspects d'alternance des plans de formation des professeurs des écoles et les dispositifs mis en place, nous essaierons de comprendre les attendus de cette formation avec alternance. Celle-ci est située dans les contours théoriques des pratiques d'alternance et des modèles de formation professionnelle. A la lumière de témoignages de professeurs stagiaires, sont interrogés les effets de l'alternance dans le rapport du sujet à sa formation, le rapport "théorie-pratique", les pratiques de formation engagées ainsi que l'opérationalité formatrice de l'alternance en question, notamment en matière de contextualisation.

Définie par un cahier des charges national la formation professionnelle conduite dans les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres) organise différents moments de stages pratiques et de formation. Globalement nous pouvons dire qu'il s'agit d'une formation par alternance. Mais comment se construit cette alternance qui ne se nomme pas ?

Les plans de formation organisent une année (identifiée comme seconde année d'IUFM) pour les professeurs des écoles stagiaires (reçus au concours de recrutement) selon un schéma qui prévoit deux tiers de cours et un tiers de stage. Ce dispositif de formation met en scène une ou des alternances ; il est conçu comme moteur de formation et de " professionnalisation ". S'agit-il d'une simple articulation formelle ou mettons-nous en scène, formateurs comme formés, un principe cohérent et modélisable de formation des enseignants ?

Nous souhaitons, en examinant quelques uns de ses aspects, porter l'attention sur un projet d'alternance (implicite ou énoncée) et sa nécessaire explicitation pour tous ses acteurs dans la formation des professeurs des écoles (PE). Ce projet a une place et un rôle dans l'organisation de la formation, mais aussi dans la définition d'un mouvement de "professionnalisation". Il met en scène à la fois différents types d'alternance, leur fonctionnement, et les modèles de formation professionnelle.

Dans un premier temps on examinera, dans le contexte de "professionnalisation", les éléments présents et repérables du cahier des charges de la formation des professeurs des écoles, en les nommant et les confrontant avec les formes reconnues d'alternance. A partir de cette première problématisation de la "trame" de la formation, sera examiné un moment d'alternance vécu : il s'agit d'essayer de lire dans ses effets un dispositif d'alternance dans la formation des PE. Enfin seront examinés le rôle et la place de l'alternance dans le processus de formation et sa conception : une réflexion peut être engagée sur la contextualisation de l'alternance comme mode de formation.


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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997

La formation de formateurs
Projet professionnel : les formateurs entre la pratique, la théorie et la recherche

P. PEYRÉ U. de Pau, Sciences de l'Education

10.1

B

Mardi 10 Juin, 9h-10h45


Chaque formateur a son côté du pont en matière de projet professionnel, c'est-à-dire qu'il est lui-même, de manière manifeste ou latente, en situation de projet, au carrefour de sa vie personnelle et de sa vie professionnelle. Le voici aujourd'hui confronté, a l'autre bout du pont, aux projets de ses élèves, de ses étudiants ou de ses stagiaires, du fait de l'institutionnalisation grandissante des démarches de projet. II doit faire preuve de pédagogie, et sa compétence professionnelle en la matière apparaît peu ou prou déterminante de la capacité de ses élèves, de ses étudiants ou de ses stagiaires a mettre en oeuvre de véritables projets.

Avec ses trajectoires, ses rites et ses passages, le projet professionnel est donc pontification. Mais il est émergence, surtout. Démarche auto­, co­, et éco-prévisionnelle, on peut le définir comme << un contrat d'objectifs multidimensionnels: personnels, pédagogiques, sociaux, et professionnels, que le sujet se fixe a lui-même (auto), au regard des autres (co) et des choses (eco) .

Or, ce pont entre celui qui forme et celui qui se forme n'est pas un pont banal. Ni unilinéaire (ceux qui s'y croisent et échangent procèdent d'échanges et de transformations multivariées dans le temps, la forme et l'espace), ni trivial (au sens ou il suffirait de connaître les entrées sur le pont pour en prédire les sorties), ce pont abstrait et théorique, est pont de la complexité': complexité de l'alternance entre le monde de la formation et le monde du travail; complexité de toutes les dimensions interactives et interdépendantes qui fondent ensemble la démarche de projet professionnel entre la formation, le travail et l'emploi, la réflexion et l'action, le choix et la décision. Bref, il est le lien indissociable entre la vie personnelle et la vie professionnelle de chacun des protagonistes.

Ce pont, ou grouillent des flux de matière, d'énergie et d'information, est le pont d'une organisation particulière de plans, de programmes et de stratégies qui pose aux formateurs, au delà du problème des structures et des réductionnismes faussement simplificateurs, la question de leurs relations entre la pratique, la théorie et la recherche. Soit, la question de leur formation et donc, par récursion, de leurs propres projets professionnels. Boucle étrange, si naturelle et nécessaire...


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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997

La formation de formateurs
10.1
Pragmatique de l'alternance

D. VIOLET U. de Tours, Sciences de l'Education

B

Mardi 10 Juin, 9h-10h45


Dans le domaine de la formation, nous avons fréquemment tendance à reconnaître l'alternance comme une formule pédagogique réservée à l'enseignement et à l'apprentissage d'un métier "manuel". Bien que cette représentation, sans doute largement inspirée du compagnonnage, soit aujourd'hui considérablement réductrice, elle suffit néanmoins à comprendre que les pratiques de l'alternance supposent un partage du temps de formation entre deux contextes : un temps de formation avec des professeurs dans un contexte scolaire, pour ainsi dire ; un temps de formation avec des maîtres de stage dans un contexte professionnel. De façon un peu lapidaire, nous dirons que dans le contexte scolaire (Centre de Formation des Apprentis, par exemple), l'apprenant est confronté aux savoirs techniques et théoriques, et que dans le contexte de l'entreprise cet apprenant est confronté aux expériences de la pratique professionnelle.

Cette approche, évidemment très succincte, très approximative, autorise à attribuer facilement le qualificatif "alternée", où le générique "alternance", à de nombreuses formations. Dans la mesure où celles-ci se déroulent effectivement sur différents sites et à différents moments, nous ne pouvons manifestement pas retirer l'appellation "alternance". Au demeurant, malgré cette architecture collective, les pratiques de formation dites "alternées", "en alternance", "par alternance" opèrent selon différentes logiques. Ainsi, d'emblée allons nous devoir distinguer, d'une part celles qui s'inspirent d'une logique alternative, d'autre part celles qui se fondent sur une logique de l'alternance. Chacune de ces logiques résonne à sa manière dans le domaine pédagogique. Alors que les méthodes d'enseignement dites "traditionnelles" s'appliquent à développer un mode d'apprentissage fondé sur le "learning by teaching", l'alternance peut être appréhendée comme une simple révolution qui propulse le "learning by doing". Mais l'alternance peut aussi être pensée comme la conjonction du "learning by teaching" et du "learning by doing". Selon le point de vue adopté, d'une part la communication pédagogique n'utilise manifestement pas les mêmes méthodes, les mêmes arguments, les mêmes outils ; d'autre part elle ne s'accroche pas aux mêmes fondements cybernétiques.

Si l'alternance se propose d'être une pédagogie du lien entre différents processus de communication et de cognition, alors c'est manifestement vers le paradigme de la deuxième cybernétique, des sciences de l'autonomie, de la complexité, de l'auto-organisation qu'il convient d'orienter la formation des formateurs. Ce lien, potentialisé dans et par chaque personne, s'actualise, plus précisément peut s'actualiser, dans et par l'incontournable production de savoir que représentent les rapports de stages, les mémoires... Ciment de cohérence et de cohésion de la formation par alternance, cette production joue à la fois le rôle de processus de liaison et de produit permettant l'évaluation du lien. Ce lien, considéré comme un indice de la lucidité, atteste que l'auteur-acteur de la production en question devient ainsi un peu plus expert dans sa pratique professionnelle.


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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


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