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Contributions préparées
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Notes |
Confiance et complexité | |
Reconstruction du lien social dans les sociétés
démocratiques et post-communistes ou comment les
représentations nuisent à la confiance
A. Fournier Enseignant |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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La dissolution du tissu social semble être une caractéristique générale de cette fin de XX° siècle, que les raisons en soient économiques, en Occident ou dans le Tiers-Monde, ou apparemment plus politiques, comme dans les anciens pays communistes. Toutes nos pratiques sociales de prévention, de réinsertion , de suivi social, qu'il s'agisse d'individus, de groupes, de quartiers, de villes, correspondent à un implicite, à des représentations que les acteurs sociaux (travailleurs, ordonnateurs ou " clients ") ne reconnaissent pas en tant que telles.
La comparaison avec le système des représentations dans des
pays marqués par une longue dictature, et tel qu'il apparaît,
bien incomplètement dans les témoignages publiés
aujourd'hui, peut permettre par contraste de faire resurgir notre propre
système, et du coup de travailler plus clairement dans le champ du
social.
Qu'en est-il par exemple de la notion de l'initiative ? de la confiance ?
de la gestion du temps ? de la perception de l'avenir ? de l'acceptable et
de l'inacceptable ? si l'on se penche sur les représentations
post-communistes, et du coup sur les nôtres ? |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | ||
Complexité et confiance D. Génelot INSEP - Paris |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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La confiance est l'un des fondements de la vie sociale. A la
fois confiance en soi et confiance en l'autre, elle est la capacité
à dépasser notre propre peur et la peur de l'autre pour donner
ensemble un sens aux événements incertains qui nous
assaillent ; elle est la capacité à écouter l'autre
et à s'engager avec lui dans la construction risquée d'un chemin
dont personne n'a déterminé à l'avance la destination.
Les enjeux de la confiance sont aujourd'hui extrêmement pressants.
Notre société est en panne : panne de sens, panne de confiance
en elle-même. Plus que jamais la réalité que doivent
affronter les hommes est incertaine, imprévisible, complexe,
ambiguë. Aucun système prédéterminé, si
rationnel soit-il, ne peut garantir la place de l'homme dans cette
réalité-là. L'homme doit se battre à mains nues,
avec son intelligence, son courage et aussi sa peur pour construire sa route
avec ses pairs dans un éternel recommencement. Cette construction
collective suppose la confiance.
La table ronde "complexité et confiance" a pour ambition de susciter
des échanges et une réflexion collective sur les différentes
facettes de cette question :
· Les aspects psychologiques et psychiques de la confiance :
qu'est-ce qui génère ou bride la confiance en soi ? d'où
viennent la peur et la méfiance de l'autre ? comment se
développe la confiance ? pourquoi régresse-t-on vers la
méfiance ? la prudence est-elle l'antichambre de la confiance
ou de la méfiance ? quel est le rôle de la communication
dans la construction de la confiance ? ...
· Les aspects épistémologiques de la confiance :
la confiance est-elle une condition du constructivisme ? confiance
et autonomie : peut-on être autonome sans confiance ? confiance
et cognition : la confiance suppose-t-elle une communauté
d'interprétation ? confiance et identité : l'enveloppe
identitaire est-elle l'enveloppe de la confiance ? ...
· Les aspects managériaux de la confiance : à
quelles conditions peut-on construire la confiance dans l'entreprise ?
existe-t-il des méthodes pour construire la confiance ?
jusqu'où le chef d'entreprise peut-il faire confiance ? comment
peut-il démultiplier la confiance ? comment peut-il lui-même
mériter la confiance ? comment arbitrer entre confiance et
contrôle ? peut-on trouver des méta-règles qui
garantissent la confiance ? ...
· Les aspects sociaux, économiques et politiques de la
confiance : un Etat peut-il gouverner autrement que par la règle
et la méfiance ? comment maintenir la confiance dans les arbitrages
douloureux entre l'économique et le social ? comment les populations
peuvent-elles garder confiance dans un monde économique dominé
par la logique financière à court terme ? pourquoi
assistons-nous à une telle perte de confiance dans la démocratie
représentative ? ... Les aspects éthiques de la confiance : quelles sont les limites éthiques de la confiance ? quel rôle joue la confiance dans la hiérarchie des valeurs ? la confiance se décline-t-elle de la même façon dans l'ordre techno-scientifique, dans l'ordre juridico-politique, dans l'ordre moral, dans l'ordre de l'amour ? |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | |
La construction sociale de l'acceptabilité du
risque
G. Hériard Dubreuil Institut de Cindynique |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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La construction de la sécurité suppose l'élaboration de critères d'acceptabilité des situations de risque qui sont susceptibles d'être partagés par les différents agents sociaux. Cette acceptabilité se définit dans un champ de contraintes techniques ou économiques mais ne peut être uniquement déterminée par ces contraintes.
Dans chaque contexte d'intervention, cette élaboration suppose l'invention
de processus itératifs de changement favorisant la construction de
l'identité des agents et le développement de leur capacité
à prendre la parole, à exprimer des choix (autonomie) et la
découverte par ceux-ci de marges d'initiatives.
Les termes de l'acceptabilité se construisent à travers
l'émergence d'un climat de coopération et de confiance, à
travers la construction de représentations communes (construction
de sens commun). Les critères d'acceptabilité ne peuvent le
plus souvent s'énoncer seulement d'une façon objective en termes
de résultats à atteindre ou à éviter. L'existence d'un climat de sécurité passe par la requalification d'une dépendance subie (le danger de l'autre) en solidarité active. Celle-ci implique le co-engagement responsable des agents concernés et la définition en commun de règles éthiques (organisation du vivre ensemble). Elle suppose enfin l'existence de recours, de procédures de médiation et de réparation. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | ||
Construction de la confiance : signe de reconnaissance,
prise de risque, promesse tenue, contrat et don G. Le Cardinal Univ. De Technologie de Compiègne, COSTECH |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Notre hypothèse de départ repose sur le fait que la confiance se construit selon une double rationalité.
la première est de type analytique qui tend à objectiver les
événements du passé pour en extraire les résultats
tangibles susceptibles d'influencer l'opinion d'un acteur sur la
compétence, la performance et la coopération de l'autre à
l'avenir ;
une rationalité de type systémique qui privilégie les
interactions et la façon dont elles sont ressenties subjectivement
(plaisir, angoisse, joie, sécurité, anxiété).
Après chaque interaction se met en place une dynamique qui tend à
accroître ou baisser la confiance en soi et en l'autre. Ce processus
s'alimente à partir d'événements auxquels chacun peut
attribuer une plus ou moins grande importance.
Nous proposons d'examiner cinq comportements qui influencent fortement, selon
nous, la dynamique de la confiance :
- l'échange de signes de reconnaissance bien décrit par l'analyse
transactionnelle permettant aux acteurs de connaître l'identité
que les autres leur attribuent ;
- la nature et l'ampleur des risques pris et acceptés en commun dans
le passé, et de ceux que l'on est prêt à prendre ensemble
aujourd'hui et à l'avenir ;
- la nature des promesses verbales ou écrites et la façon dont
elles ont été et sont ou non tenues ;
- la possibilité d'établir un contrat garantissant la bonne
réalisation d'un projet, et l'attitude coopérative ou non avec
laquelle le contrat a été élaboré ; - l'existence, la nature et la valeur affective des dons que s'offrent les acteurs au-delà de leur obligation légale ou contractuelle, ainsi que le rythme du cycle "donner-recevoir-rendre" auquel il accepte de participer. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | |
Violence et insécurité : vers une lecture
différente M. Monroy Psychiatre - COSTECH UTC |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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La représentation les plus courantes de la violence privilégient l'acte violent ou l'acteur de violence ou encore enferment la violence dans un simple dualisme agresseur-victime.
L'approche cindynique nous invite à considérer la violence
comme une situation complexe multiacteurs et multidéterminismes,
risque partagé entre tous les acteurs sociaux, et à traiter
comme tel.
Considérer la violence comme un " construit social " et
non comme un accident modifie l'analyse que l'on peut en faire et introduit
la notion de contextes générateurs de violence. Ainsi
apparaissent des facettes dont les approches réductrices (psychologiques
individuelles, économiques, criminologiques) ne rendent pas compte. Dès lors d'autres questions se posent : - à quel moment des acteurs sont-ils amenés à faire le choix du risque que représente la violence ? - autrement formulé: quelles fonctions apparemment positives font apparaître la violence comme une réponse adaptée et nécessaire ? - la violence est-elle une tentative de réduction brutale de la complexité ou encore une anticipation d'un changement, quel qu'en soit le prix ? - comment les acteurs perçoivent-ils différemment la notion de légitimité (situation perçue comme illégitime, justifiant des comportements illégitimes) - la notion d'insécurité est-elle réservée aux victimes de violence ou existe-t-il d'autres formes d'insécurité vécues celles-là par les acteurs de violence ? - les réactions les plus fréquentes à l'insécurité (déni, repli, recours, réciprocité) ne trouvent-elles pas rapidement leurs limites et leurs dangers propres ? - la violence ne s'inscrit-elle pas dans un déficit de traitement des interfaces (entre acteurs), ne laissant place qu'à la violence comme " traitement de situation "? - l'agression n'est-elle pas souvent une reprise de l'initiative dans une situation perçue bloquée, en impasse ? - quelle est la fonction de la peur dans les transactions sociales ? N'agit-elle pas comme une dynamique contagieuse irréversible entre les groupes sociaux ?
- l'existence de paroxysmes violents ne doit-elle pas nous questionner sur
la gestion sociale de la temporalité ? Le traitement
" à chaud " seulement de la violence est-il suffisant ?
Toutes ces questions ouvrent des pistes sur une autre gestion du risque de violence que des acteurs impliqués ont pu mettre en oeuvre avec profit dans différents secteurs de la vie sociale. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | ||
Ecologie de l'action et confiance
A. Pena-Vega
Université de Technologie de Compiègne,
COSTECH |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Le terme de confiance est au carrefour de débats autour d'un " modèle " d'explication de l'action collective ; quels que soient les champs abordés, il débouche (dérive) sur une dimension socio-éthique. Il est vrai que, ces temps-ci c'est dans les pratiques de management que ce terme apparaît avec le plus d'acuité. La mise en évidence de cette nouvelle dimension nous conduit à montrer l'existence d'un lien fondamental autour d'une théorie de l'échange social. Dans cette perspective, la question est de savoir si les acteurs qui interagissent dans la dynamique de la confiance sont liés par une logique d'action (comunicationnelle) qui conduit à l'élaboration des choix (rationnels), afin de permettre une interaction sociale à travers un processus de coopération, spontané, volontariste ou naïf.
Nous aborderons ces prémisses en restituant l'écologie de l'action
dans un double contexte : - le contexte de inter- rétroaction d'un système organisationnel complexe ;
- le contexte d'une action communicative aboutissant aux conditions
d'émergence d'une dynamique de la confiance.
Construire la confiance.
Comme le suggère Alain Caillé, " les sciences sociales
aussi bien que les cadres dirigeants doivent répondre à une
question théorique cruciale : celle de savoir pourquoi les hommes
devraient se faire confiance les uns aux autres et comment ils le
pourraient ". Selon A. Caillé, poser cette question, " c'est
poser celle du lien social , Qu'est-ce que qui fait tenir les hommes
ensemble ? Tous ces facteurs présumés du lien social restent
plausibles, mais entre la cause et l'effet, s'impose un terme
médiateur : celui de la " confiance " (Voir Alain
Caillé, " A qui faire confiance ? " Education &
Management, septembre 1996, p.70) Mais qu'est-ce que la confiance ? C'est un sentiment dans nos comportements autoreférentiels (la confiance en soi), une attitude morale de reconnaissance de l'autre (confiance en autrui). Toutefois, à l'opposé, les conditions de la confiance peuvent induire des sentiments de peur, de doute en soi, de méfiance. En d'autres termes, la dynamique de confiance ne peut se construire que dans une complexité relationnelle/existentielle associant confiance et méfiance. Cet article essaiera de reconstituer cette relation complexe à travers la proposition d'une écologie de l'action. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Confiance et complexité | |
La confiance, processus d'apprentissage de la coopération.
Illustration dans l'automobile
P. Trassaert Peugeot, Audincourt |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Ces dernières années, l'organisation de la conception
d'un véhicule automobile a profondément changée. De
multiples acteurs, membres d'organisation différentes (intra-firme
dans une gestion par projets, et inter-firmes au sein d'une alliance ou dans
le cadre de la relation client/fournisseur), doivent apprendre à
co-concevoir un produit/système. Dans une telle perspective, il y
a ambiguïté sur les moyens mis en uvre par chaque acteur,
et sur les résultats. Même si nous acceptons qu'il soit possible
de coopérer sans confiance, nous partageons l'avis de nombreux auteurs
qui reconnaissent en la confiance un élément moteur
appréciable à toute action collective efficiente. Comme nous
sommes par ailleurs convaincu du rôle central de l'homme dans toute
organisation, il nous a paru pertinent d'explorer comment la notion de confiance
entre individus est perçue chez un grand équipementier automobile
français. Cette problématique a été discutée
avec un groupe d'élèves ingénieurs, qui ont accepte
de réfléchir avec nous.
Cet article présenté la première exploitation d'une enquête menée auprès d'un échantillon non-probabiliste de 34 responsables. Profitant de notre situation privilégiée au sein de l'entreprise, nous avons identifier des acteurs de l'organisation afin de leur soumettre le questionnaire. Une liste de 14 questions relatives à la construction d'un lien de confiance a été établie à partir (a) de la littérature, (b) d'observations accumulées sur le terrain dans le cadre de onze années de pratique de projets de co-opération ou interviennent plusieurs partenaires et (c) complétée des échanges avec les élèves ingénieurs. Le dépouillement des réponses procède à ce jour d'un tri a plat des données avec une analyse de contenu et la construction de profils d'évaluation de critères pertinents. Dans une vision constructiviste du sujet, nous avons tente de formuler quelques propositions, qui bien évidemment sont contingentes de la population observée : (a) Outre l'intérêt et la volonté de co-opérer, la confiance entre individus est un paramètre structurant; (b) L'absence de confiance renvoie à la méfiance, définie toutefois comme de la vigilance et non comme un refus de coopérer; (c) Des critères de diverses natures influencent le processus d'émergence et de concrétisation de la confiance; (d) La confiance entre les partenaires émerge au cours du temps, mais peu se détruire rapidement. La relation de confiance n'est pas une relation immuable, mais résulte d'un équilibre dynamique maintenu d'un cote par la communication, la réussite et un fond d'expériences communes, et de l'autre cote par la trahison qui tend à rompre la confiance. (e) Niveau de confiance et nature des informations échangées sont enchevêtrés. Une bonne communication génère la confiance et réciproquement avoir confiance, libère la communication. Cet aspect circulaire révèle la complexité du fonctionnement d'un système humain, fondamentalement dépendant du degré de co-opération qui s'instaure entre les parties qui le constitue. (f) L'efficience du groupe de travail est directement dépendante du niveau de confiance qui existe entre ses membres.
Les éléments recueillis doivent encore faire l'objet d'une
exploitation plus poussée. Par ailleurs, notre première analyse
s'intéresse à l'évolution de la relation inter-personnelle
de la confiance. Une autre dimension est l'évaluation du risque associe
à l'enjeux qui interagit avec l'évaluation des indices
inter-personnels. Cette seconde dimension est essentielle dans un contexte
d'alliance inter-entreprises. |
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(Texte complet disponible auprès de l'auteur) |
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |