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Contributions préparées
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Conception et décision : études de cas | |
A propos d'enfermement
la décision dans la
conception
J. Artigues et N. Lebtahi E.S.A. Montpellier |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Lors de notre contribution à la 4ème rencontre MCX d'Aix-en-Provence, nous avions avancé : ... un projet fait certainement partie intégrante d'un processus plus global qui l'initialise et en utilise les effets pour s'accomplir. Ce processus global consiste à effectuer un ensemble de "projets singuliers dans le projet" ; chaque projet se singularise par la définition de ses propres finalités au service d'une finalité d'un autre ordre et qui le dépasse, il est à la fois initialisé et déterminé par le processus, et initialisant et déterminant pour le processus.
L'intervention à notre table ronde, illustrera cette réflexion en observant une expérience qui avait pour objet de provoquer une confrontation d'idées entre un certain nombre de participants choisis dans l'éventail des intervenants en milieu carcéral (Psychologues, aumôniers de prison, visiteurs, médecins etc...). Le choix d'un tel sujet (fait par un architecte), a découlé de l'évidence qu'il existe un aspect conflictuel dû au rapprochement des deux notions "punir et guérir" lorsqu'on projette de les voir se réaliser dans un même espace.
Pour s'acheminer inéluctablement du délit à la maison d'arrêt, dans la forme qu'on lui connaît, le processus du projet traverse des domaines de natures fondamentalement différentes, des idées à l'organisation de l'espace, et de l'organisation de l'espace à l'accomplissement d'une fonction sociale. Dans ce projet global qui part de l'acceptation de la notion de délit, passe par la volonté d'enfermer pour priver de liberté, pour aboutir enfin au fonctionnement d'une maison d'arrêt, la diversité des champs traversés conduit à changer constamment de concepteur sans pour autant affecter fondamentalement le processus de conception. Dans chaque temps du processus, un concepteur intervient en justifiant son action du moment par les conditions initialisantes et finalisantes qui la déterminent ; l'architecte produit un objet un peu plus spectaculaire que ceux issus des autres temps du projet global, mais cela ne lui confère pas le monopole de la conception.
Quel que soit le projet singulier où il intervient, un concepteur se trouve "enfermé" au centre d'un espace de conception dont les limites sont construites autour de lui par le processus du projet. Mais quand manifestement, quelque part dans le processus, un objet ne répondra plus à l'idéologie qui est censée le produire, il faudra décider d'agir pour faire dévier cet itinéraire. Cependant, si cette volonté d'innovation justifie l'existence d'un processus de conception et élargit sa marge de manuvre, elle ne constitue pas, en elle même, un élément tangible de nature à permettre au concepteur de faire réellement bifurquer le processus vers une solution innovante.
Très certainement, sans qu'il s'agisse d'une décision explicitée, mais plutôt d'un processus à effet décisionnel, un concepteur devra, à un certain moment, traiter une certaine information, d'une certaine façon, hors des frontières traditionnelles de son projet.
Quelles peuvent être les conditions d'émergence d'une telle
information, et comment décider de lui donner un avenir dans le processus
du projet ? (Texte complet disponible auprès de l'auteur : "Concevoir pour décider et décider pour concevoir") |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Conception et décision : études de cas | ||
Un cas de conception sans décision : l'exercice de
traduction de la maison des artisans P. Boudon E.S.A. Nancy - LAREA |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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La thèse présentée ici - qui s'appuiera
sur la présentation visuelle de situations expérimentales
créées lors d'exrecices pédagogiques - consiste à
penser qu'une des raisons de la "complexité" de la décision
(sans doute pas la seule) tient à son association étroite à
la conception. Décision et conception paraissent ainsi
étroitement imbriquées dans toute action, au point que l'on
tend bien souvent à les confondre. Une phrase d'Herbert Simon me
paraît comporter de façon significative un telle confusion.
Il s'agit de la phrase même dans laquelle il définit justement
les phénomènes intéressant la conception dans ce qui
les distingue des phénomènes intéressant les sciences
naturelles. L'enjeu est donc d'autant plus important qu'il concerne l'idée
de sciences de la conception pour laquelle plaide H. Simon dans ce
texte. Si les sciences naturelles écrit-il "s'intéressent
aux phénomènes tels qu'ils sont" ... "la conception
s'intéresse au comment des phénomènes tels qu'ils pourraient
être, à l'invention d'artefacts permettant d'atteindre des buts"
(H. Simon, Sciences des systèmes, sciences de l'artificiel,
1969, Dunod, 1991 pour la trad. fr., p 116). Or, précisément,
la différence me semble devoir être faite entre "les
phénomènes tels qu'ils pourraient être" et "les
buts que peut atteindre l'invention d'artefacts". On a une forte tendance à placer des buts comme finalité de la plupart des actions. C'est "étudié pour" disait Fernand Raynaud dans un raisonnement oproche de celui du melon de Bernardin de Sain-Pierre. Mais, pour prendre un type d'artefact notoire, n'aurait-on pas quelques difficultés majeures à tenter de définir les buts que cherchent à atteindre des poèmes ? On se souvient qu'une dame demandait à Valéry ce que dans un de ses poèmes, "il avait voulu dire" . Il avait répondu "je n'ai rien voulu dire". Autrement dit concevoir le poème ne suppose pas qu'on lui fixe des buts. Or, bien souvent en conception, l'idée de décision concerne l'adéquation d'un objet à des buts poursuivis. Certes le poète décide ici ou là mais deux types de décisions paraissent devoir être distingués suivant que l'adéquation à une finalité posée initialement par un programme est l'objet d'évaluation entraînant décision ou que la décision porte sur des états émergeant, qui sont acceptés. Adaptation et acceptation sont ainsi deux modalités différentes de décision. Mais dans les deux cas, adéquation à une finalité ou acceptation d'état d'objet en cours de conception, la décision ne suppose-t-elle pas que la conception ait eu lieu ? Si chercher ici à séparer conception et décision peut paraître choquant du point de vue de la complexité, si cette séparation, lorsqu'elle est possible, peut sembler revenir paradoxalement à gommer la complexité dont je postule qu'elle procéde justement, pour une part au moins, du fait même de leur association, on peut cependant se demander s'il est possible d'envisager de comprendre cette complexité sans être d'abord en mesure de poser clairement leur différence, quitte à subir les foudres antiréductionistes des tenants de la complexité. Car ensuite cette visée de séparation montre justement, cette fois pour les satisfaire, certains cas, observables, de difficulté voire l'impossitilité de distinction. On montre alors à la véritable complexité de l'association entre conception et décision. En d'autres termes, deux sortes d'associations conception-décision sont à distinguer. Dans un premier cas elles sont séparées et alternent dans un processus qui distingue également deux types d'acteurs : l'un proposant, l'autre disposant (le premier pouvant être architecte concevat un Opéra, le second président de la Répubique décidant de l'issue d'un concours). Dans le second cas décision et conception s'inscrivent de façon inséparable dans des microprocessus, à l'intérieur du processus général. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Conception et décision : études de cas | |
La redéfinition d'un sujet de thèse :
est-ce de la conception ? A. DemaillyUniversité Montpellier III, P. Deshayes Ecole Centrale Lille et LAREA |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Nous participons tous deux à un atelier MCX de
réflexion sur la conception, rassemblant des gens d'horizons divers
(architecture, ingénierie, sociologie, anthropologie, psychologie,
économie, intelligence artificielle...). A. DemaillyDemailly, qui
enseigne la psychologie sociale à l'Université, a eu envie
de raconter une histoire relatant ses propres démarches de conception
dans ses activités professionnelles. Il lui semblait qu'il contribuerait
à la progression des discussions en parlant de choses qu'il
pratique.
L'histoire en elle-même est banale. Elle se place sous le signe de
la contingence. Contingence de l'événement : un jour, il est
confronté à un événement imprévu (un
collègue lui demande de prendre en thèse un de ses étudiants,
sur un thème qui ne lui est pas familier et qui ne lui plaît
pas). Contingence de l'action : que faire, quand il "sent" que cette thèse
est mal partie ? Contingence de la conception : que pourrait-être un
autre sujet de thèse ? Cette histoire montre pourtant l'engagement
d'un individu dans un projet. Par exemple, A. DemaillyDemailly est
viscéralement opposé à l'idée de considérer
la contraction de texte (le résumé) comme l'équivalent
d'une version latine ou d'un problème de maths.
A la lecture de cette histoire, Ph. DeshayesDeshayes, qui est davantage
tourné vers la conception architecturale et l'ingénierie, s'est
senti partagé sinon mal à l'aise. Y était-il vraiment
question de conception ? Pour lui, déjà, la contingence et
l'engagement d'un individu dans un projet sont matière à
réflexion tant elles semblent s'inscrire diversement sinon, parfois,
contradictoirement dans ses deux domaines d'intérêt que sont
l'architecture et l'ingéniérie. En outre, et surtout, la conception
lui paraît plutôt embrayée vers des objets matériels
(qui feront partie du monde réel). Peut-on en dire autant d'un sujet
de thèse ?
En réponse, A. DemaillyDemailly peut lui rétorquer qu'un sujet
de thèse n'est jamais aussi immatériel qu'il le paraît...
si l'on considère, par exemple, que les agissements funestes des Khmers
rouges étaient quasiment "programmés" dans une thèse
soutenue en Sorbonne, quelques années plus tôt.
Paradoxalement, la conception (architecturale et ingénieriale ?) ne
serait-elle pas souvent étouffée par la prégnance d'un
réel "cristallisé" dans un cahier des charges ou les contraintes
du "hic et nunc" ? Le projet deviendrait alors une réponse quasiment
instruite par ces contraintes, inhibant pour une part toute autonomie
créatrice... Ne conviendrait-il donc pas de distinguer deux phases
du processus de conception ? L'une où les contraintes du réel
sont suffisammment affaiblies pour laisser s'épanouir un modèle
qui "internalise" certaines options et orientations venant du plus profond
de l'individu ; l'autre qui accomode ce modèle aux contraintes du
réel et de l'objet final ? Ph. DeshayesDeshayes fait alors observer que l'exploration de la conception architecturale permet, justement, de montrer que le rapport au réel n'est pas, seulement, de l'ordre de la contrainte mais aussi (surtout ?) de l'ordre du "jeu". Il s'agirait donc moins de distinguer deux phases que deux "versants", certes interdépendants, mais aux poids différents selon que l'on considère l'activité de conception d'une thèse (certaines thèses) et l'activité de conception architecturale. Le premier versant serait du registre de la conception de modèles sans finalité d'embrayage (des "représentations" ?) et le second versant serait, lui, du registre de la conception de modèles en correspondance au réel (avec finalité d'embrayage)... |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |
Conception et décision : études de cas | ||
Conception et décision : l'incertitude O. Garro L3S, Grenoble, H. ChristopholChristophol CNAM, Paris |
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Mardi 10 Juin, 9h-10h45 |
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Dans ce texte, à partir d'un exemple pris dans le domaine de la conception de système mécanique hybride, nous allons nous intéresser à la notion de décision.
L'objet de l'étude, c'est à dire l'artefact auquel nous nous
sommes intéressés est un robot qui joue au basket. Ce robot
est en cours de conception par trois étudiants de maîtrise afin
de participer à un concours entre équipe d'étudiants
de différentes universités et écoles d'ingénieur.
Il est destiné à affronter lors de match de basket une centaine
de concurrents.
Nous avons suivi ce projet avec la position d'observateur et de conseiller
sur les choix mécaniques. Nous sommes donc intervenus pour les prises
de décision principalement dans le domaine de la mécanique. Ce qui nous a particulièrement intéressés dans ce projet peut être résumé par les trois points suivants : la dimension innovante du projet, sa multidisciplinarité et surtout l'incertitude qui l'a constamment marquée. C'est sur ce point que nous allons insister en relation avec la prise de décision. |
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Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997 |