97
Table Ronde

10.2.B

Mardi 10 Juin

14h15-16h
Le vrai savoir est le

faire même

Animation :

G. LERBET (Université de Tours),

M. Mugur Schächter (Université de Reims, COGEF, Paris)
Contributions préparées
G. Le Cardinal

(U. de Technologie de Compiègne, Costech)

" Décider c'est s'engager et construire du sens : pragmatiké, stratégia, psyché et épistémè "
G. lerbet

(Université de Tours)

" Du Système personne à la conjecture de l'interaction self/non self "
P. Marchais

(Neuropsychiatre, Paris)

" Interrogation sur la systémique : essai de passage du réductionnisme au constructivisme "
F. Morandi

(IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education)

" L'autonomisation de la raison "
M. MUGUR-SCHÄCHTER

(U. de Reims, COGEF, Paris)
" La recherche de définitions de complexité "
J.C. Sallaberry

(IUFM d'Aquitaine, Sciences de l'Education)

" Construction des représentations et construction des décisions "
J.M. TAVARES de Andrade

(Université de Natal, Brésil)

" Société, science, technologie et complexité "


R. Vallée

(Université Paris Nord)

" Décision et constructivisme bien tempéré ; subjectivité de la perception "
N. VALLEJO-GOMEZ

(Philosophie - Asso. Pensée Complexe)
" Du savoir au faire et vice-versa "
Notes

Le vrai savoir est le faire même
10.2
Décider : s'engager dans la construction d'un sens. Alliance des pragmatiké, stratégos, psyché et épistémè

G. LE CARDINAL U.T. Compiègne, Costech

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


Nous proposons un modèle qui voudrait rendre compte à la fois de la co-construction de nos représentations, de nos informations, de nos discernements et de nos actions.

Ces quatre activités sont en relation transductive les unes avec les autres et génèrent leurs propres mémoires. Elles sont toutes les quatre en apprentissage permanent dans un même mouvement d'intégration du passé, de construction du présent et d'anticipation de l'avenir.

Placée au sommet d'une pyramide, chacune de ces activités peut apparaître émerger dans l'espace à partir du plan défini par les trois autres.

Ainsi :

La représentation émerge du plan pragmatique défini par l'information, le discernement et l'action ;

L'information du plan stratégique défini par l'action, le discernement et la représentation ;

Le discernement du plan cognitif défini par l'information, l'action et la représentation ;

L'action du plan psychique défini par l'information, le discernement et la représentation.

Dans ce modèle, le sens représenterait le centre de gravité de la pyramide, alimenté par et alimentant ces quatre composantes :

- certitude/incertitude - infirmation/confirmation grâce à l'information

- signifiance/insignifiance - validation/invalidation grâce à la représentation

- motivation/démotivation - organisation/désorganisation grâce à l'action

- engagement/désengagement - valeurs/non valeurs grâce au discernement

La décision se retrouve sur les quatre arêtes de la pyramide avec ses dimensions de recherche de vérité, de concepts, de projet et de théorie (ou de modèles).


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
Du Système personne à la conjecture de l'interaction

self/non self

G. LERBET Université de Tours

10.2

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


Mes premiers travaux sur le système-personne furent largement redevable de l'œuvre de Piaget. Dans ce travail, je cherche à montrer leur évolution qui s'appuie sur la pensée complexe er la prise en compte de l'autoréférence. Cela me conduit à une modélisation plutôt conjecturale que pratico-clinique comme pouvait apparaître l'approche antérieure qui fut la source de déviations praxéologiques perverses.
Plan

I. La Première théorie du système-personne.

A. Le soubassement piagétien : la structure de groupement INRC

B. La première théorie du système personne

C. Malaises méthodologiques et théoriques

II. Vers la seconde théorie du système-personne.

A. L'apport de Varela et la reconnaissance biologique de l'incomplétude

B. L'hétéroréférenciation piagétienne stricte et l'exemple de l'adaptation

III. Complémentarités hétéro-auto-référentielles.

A. Hétéroréférenciations

B. Autoréférenciations

C. Interactions

IV. L seconde théorie du système-personne : la conjoncture Self/non self.

A. Le concept de self et sa dynamique

B. Système-personne et sensibilité cognitive

V. Conclusion.

(Texte complet disponible auprès de l'auteur)


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
10.2
Interrogation sur la systémique : essai de passage du réductionnisme au constructivisme.

P. MARCHAIS Neuropsychiatre, Paris

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h

Une expérience psychiatrique prolongée fondée sur la notion de système permet de rejoindre la systémique, tout en montrant certaines différences. Des questions fondamentales surgissent alors, qui permettent de réduire la coupure évoquée par celle-ci entre le réductionnisme et le constructivisme. L'histoire des connaissances sur le système incite déjà à envisager les questions qui concernent:

1- L'attitude d'observation. Les attitudes conceptuelle et réaliste sont toujours à distinguer, mais existe-t-il entre elles une séparation infranchissable ? Dès lors, faut-il refuser a priori toute étude analytique d'un phénomène irréductible comme la complexité, ou tenter néanmoins de l'approcher par approximations successives en intégrant des "invariants" et des propriétés permanentes du système en cause, qui ont été progressivement extraits auparavant par réductions successives du champ d'étude ?

2- La perspective adoptée. Faut-il écarter a priori une perspective ciblée, réduite, alors qu'elle permet d'établir des lois plus générales, conformément à ce que nous apprend l'épistémologie générale?

3- Les principes. Faut-il rejeter la règle du tiers exclu dans le but d'intégrer des propositions apparemment contradictoires ? Cette règle n'est sans doute pas indiquée quand on change de niveau de référence, mais n'est-elle pas toujours utile d'un point de vue opératoire pour un même niveau conceptuel ? La découverte d'une protologique de fonction en témoigne.

4- Les méthodes. L'épistémologie non-cartésienne de Bachelard reconnaissait déjà les mérites de la méthode cartésienne pour les classifications. Faut-il exclure cette dernière, alors qu'elle reste efficace dans une perspective opératoire ? Ne convient-il pas plutôt de l'appliquer à des fonctions permanentes pour la rendre encore plus opératoire à l'aide des notions d'ensembles flous ?

5- Les démarches. Les démarches logiques et analogiques témoignent d'une racine commune, qui est confirmée par l'existence d'une protologique de fonction. Les différences entre les logiques intuitives et formelles n'en sont-elles pas atténuées, d'autant que les intuitions secondes et intellectuelles passent toutes deux par un circuit réflexif pouvant être rigoureux ?

6- Les hypothèses. La reliance vaut-elle a priori pour tous les systèmes de nature différente ? Ne concerne-t-elle pas plutôt une même structure ou des niveaux de même nature pour différents systèmes?

7- Les modélisations. Les modèles systémiques ne sont-il pas de simples formes possibles parmi d'autres ? Leurs "niveaux" ne pourraient-il être conçus différemment (pour la mémoire, notamment) ?

8- Le langage. Le mot "système" ayant plusieurs sens, faut-il retenir pour chacun d'eux le même qualificatif "systémique" ? N'est-ce pas risquer d'éventuelles confusions ? D'autre part, le terme "niveau" du modèle systémique correspond-il au "niveau" d'organisation des structures impliquées dans la pensée de tout homme et notamment du systémiste ?

9- La nature de la systémique. N'est-elle pas plutôt transdisciplinaire qu'interdisciplinaire, puisque bien qu'étant fondée à partir de plusieurs disciplines, elle n'a pas permis jusqu'à présent de résoudre nombre de problèmes posés par le champ psychopathologique ?

Par des réponses différentes de celles de la systémique, la méthode systémale nous a permis de développer depuis une vingtaine d'années une psychiatrie fondée sur les systèmes à l'aide de notions d'ensembles et de logique du flou. Cette méthode, applicable en interdisciplinarité, montre le passage possible du réductionnisme au constructivisme

(Texte complet disponible auprès de l'auteur)


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
L'autonomisation de la raison modélisante

F. MORANDI IUFM d'Aquitaine,

Sciences de l'Education

10.2

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


Le savoir, conçu comme faire de la raison humaine, a pour "origine" le mouvement par lequel la raison s'inscrit dans la sphère de l'esprit, non comme psychologie, mais comme connaître du sujet, principe transcendantal, puis épistémique, critère de la différence entre l'objet et son sujet. L'ouverture et le mouvement de la nouveauté de l'intelligibilité de l'objet sont marqués dans leur "origine" par le transcendantalisme kantien, et, dans ce cadre transcendantal, par la faculté de juger, non déterminante mais "réfléchissante", a parte subjecti, a parte rei. La raison, de moule devient modèle, anticipation sur la loi ou sur l'objet, entre la loi et l'objet. L'homme fait son savoir, applique au monde sa raison en l'appliquant à lui même : c'est le phénomène. Mais, au delà d'une raison suffisante, par le "comme" de l'analogie et du modèle, son jugement s'émancipe et crée : il fait le monde.

La naissance d'un rationalisme appliqué, s'accompagne, selon Bachelard d'une philosophie de l'inexact. Elle s'accompagne aussi d'une philosophie du "comme" et de la connaissance "faisable" (faire et faisabilité, défaisabilité..).

Quelques fragments sont proposés :

- la philosophie du comme (Kant) et la nouveauté. La faculté de juger entre entendement et raison (1)

- le principe de raison suffisante (Schopenhauer) : axiome de causalité, axiome de raison ?

- le double appel au modèle (Le MoigneLe Moigne)

- le rationalisme appliqué et le matérialisme rationnel (dialectique de la faisabilité chez Bachelard)

- le pragmatisme (J. Dewey) et la modélisation (sciences exactes, sciences humaines) : autonomisation et inexactitude heuristique.

En proposant un connaissance phénoménale du monde, en défendant l'existence humaine contre une représentation objective qui en supprimerait le sens, en "faisant" du savoir une action sur le modèle et un mode d'action, Kant n'a-t-il pas, par ce pragmatisme de la raison réconciliant intelligibilité et liberté, dénoué le dilemme d'Epicure (2) ?

Cette lecture (quelques extraits limités) essayera de trouver son chemin sans se confondre avec l'architectonique de la raison philosophique, en gardant sa liberté de marcher.


(1) "Deux choses étant hétérogènes on peut assurément penser l'une par analogie avec l'autre" (in Critique de la Faculté de juger, 1790, §90) : ce principe, situant l'action de l'esprit humain entre les "raisonnements de raison" et l'opinion vraisemblable dans son principe d'homologie connaissante, nous paraît fondatrice. Ce sont les chemins d'une raison modélisante (parcourus par J.L. Le MoigneLe Moigne) qui trouvent ici un sens. On suggérera un plan approché.

(2) . Priogine, La fin des certitudes, O. Jacob, 1995, p. 17 et sqq. , "Pour Epicure, le problème de la science, de l'intelligibilité de la nature et celui de la destinée des hommes étaient inséparables. Que pouvait signifier la liberté humaine des atomes? Il écrivait à Ménécée : "Quant au destin, que certains regardent comme le maître de tout, le sage en rit. En effet mieux vaut accepter le mythe sur les dieux que de s'asservir au destin des physiciens. Car le mythe (le comme?) nous laisse l'espoir…"…


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997

Le vrai savoir est le faire même
10.2
Construction des représentations et construction des décisions

J.C. SALLABERRY IUFM d'Aquitaine,

Sciences de l'Education

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


I La représentation comme processeur

L'aspect processeur se repère aisément sur l'exemple de la réorganisation d'une pièce - par exemple le séjour - dans la maison. On se lance dans ce genre de manutention en ayant pour "guide" la représentation du "nouveau" séjour. Cette représentation est ainsi en train de provoquer des processus. De manière analogue, la représentation sert de processeur pour la décision.

La représentation fonctionne aussi comme processus et comme produit.

En retour, toute décision affecte les représentations - ne serait-ce que par le biais des représentations des décisions déjà prises. Ainsi, les décisions s'articulent au système de représentation et à sa dynamique - interaction entre les représentations déjà-là et l'élaboration des représentations, qui donne la possibilité d'émergence de représentations analogues aux anciennes ou radicalement différentes. Toute nouvelle représentation amène une restructuration de l'ensemble des représentations, restructuration qui peut se penser comme l'émergence d'un état global du système.

II Catégorisation R1-R2

Le principe de rationalité limitée peut être lu en termes d'utilisation par le sujet de représentations de types différents. Nous n'utilisons pas seulement des représentations rationnelles (R2), qui se spécifient d'entrer dans une dynamique d'affinement des bords (SallaberrySallaberry, Dynamique des représentations dans la formation, Paris, L'Harmattan, 1996). Nous utilisons aussi des représentations image (R1), aux bords flous. Leur dynamique est de fonctionner avec ces bords flous. Un exemple intéressant est constitué par les décisions prises par référence à des valeurs - et non par raisonnement. Ainsi, la catégorisation R1-R2 suggère une classification des décisions : celles qui sont prises à partir d'une démarche rationnelle (en général limitée) et celles qui sont prises par référence à des valeurs. Bien entendu, on considérera que certaines décisions procèdent des deux catégories, avec éventuellement un primat à l'une de deux.

III Retour sur la liaison représentation-décision

Piaget souligne que penser c'est agir - sur des objets réels ou sur des représentations. La représentation constituant justement le moyen d'agir en pensée. La décision peut alors être considérée comme la limite entre représentation et action (concrète). Avec deux orientations pour la modélisation :

- considérer qu'il existe des décisions "virtuelles", qui appartiennent aux représentations. Il suffira, pour que l'action démarre, d'une "instruction" (genre "run"). Ce seraient alors ces représentations-là qui auraient les caractères d'un processeur (par opposition à des représentations plus "contemplatives", ne produisant pas nécessairement des décisions).

- considérer la décision comme interface entre représentation et décision et donc ne pas ranger la décision du côté des représentations.


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
Société, science, technologie et complexité

J. M. TAVARES DE ANDRADE U. de Natal, Brésil

10.2

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


La complexité des implications actuelles de la Science et de la Technologie (S&T) dans notre Société planétaire appelle à une innovation cognitive et agissante individuelle / collective; nationale / internationale. La Société est envisagée ici comme concept et variable à la foi du contexte et de l'univers du discours. On se révèle plus passif qu'actif en face des enjeux. Ceux-ci s'enchevêtrent et l'on ignore comment appréhender et gérer, individuellement ou collectivement les conséquences éthiques à l'échelle de nos nations. Plus que jamais, nouvelles connaissance et nouvelle action doivent émerger. Etant donnée la complexité des facteurs, je propose, en terme de formalisation, l'hypothèse binaire, née de la sémiotique (2² ²,en 16 opératoire -cf. S.G.Bardon). Elle nous permet, en effet, de distinguer et de visualiser des scénari de cas empiriquement repérables au sein du tissu social, et susceptibles d'être considérés pertinemment. La conjoncture évoque quotidiennement des problèmes planétaires, tels ceux par exemple des organismes génétiquement modifiés (OGM). La Société est alors et souvent envisagée soit en tant qu'acteur économique à l'instar des consommateurs, du côté du marché; soit en tant qu'acteur politique, à l'instar des électeurs, du côté de la politique. Songeons à la configuration d'un triangle : Société / Capital / Gouvernement ; la Société au sommet, amorce un déclin vers la base bipartie - Capital - Gouvernement ; La base de ce même triangle demeure cependant invisible, fondation souterraine des rapports entre les vrais pouvoirs - économique et politique. Capital et Gouvernement, pierres angulaires de l'édifice de notre civilisation trament. La Société, même dans les pays les plus développés, est victime. De fait, les citoyens sont exclus de la vie sociale; le marché mondialisé est devenu anthropophage. Les Etats-nations dans leurs faiblesses ne se sentent pas capables des initiatives dictées par l'ampleur des problèmes mondialisés. Il n'existe pas davantage - comme l'a souligné Celso Furtado - de forces sociales susceptibles d'équilibrer les terribles impacts des nouvelles technologies. Les scientifiques ont le sentiment de la perte de leur indépendance, et ce, même quand ils ne sont pas directement cooptés par les pouvoirs politiques et/ou économiques. Et pourtant, responsables des avancées de la S&T, ils sont les mieux placés, parmi les lettrés, pour assumer, auprès de la Société, de nouveaux rôles, articulant connaissance et actions. Cela , en réponse, aux attentes des citoyens en faveur d'une communauté de destin et d'une nouvelle civilisation planétaire. Chez les moins lettrés, ou victimes ou privés des impacts en S&T les barrières de communication sont proportionnels au défi démocratique. J'ai rencontré au Brésil plusieurs citoyens ignorant que notre planète est ronde. D'autres, avaient recours à des explications mythologiques et apocalyptiques en face, par exemple, de " l'écriture diabolique " que peut représenter le fameux " code-barre ", non déchiffré. Quel contre-projet opposer à ce pouvoir hégémonique? Quelle méthode pour tendre vers une civilisation consciente, citoyenne et humaine et donc affranchie des corporations et intérêts particuliers ? Notre rencontre offre l'occasion de soumettre l'idée d'un forum - Complexité : Société, Science et Technologie - réseau et support à l'étude et à l'action en faveur d'une démocratisation de S&T dans notre Société et celle de demain. Problèmes fondamentaux et démarches nationales ne peuvent plus occulter la réalité de Terre-Patrie. Articuler l'action locale et internationale dans la perspective d'une Science & Technologie nouvelles intégrant enfin la civilisation de demain, constitue le défi. Les réponses ne sont-elles pas proportionnelles aux moyens dont nous disposons de fait, c'est à dire aussi grands que l'est notre volonté ?

97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
10.2
Subjectivité de la perception : décision et constructivisme bien tempéré

R. VALLÉE Université de Paris Nord

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


Nous considérons la perception et la décision qui en résulte comme un tout que, dans de nombreux cas, il n'y a pas intérêt à décomposer. La phase de perception ("opérateur d'observation" O) et la phase de décision (opérateur de décision D) se composent en une phase unique ("opérateur pragmatique" P = DO). Les opérateurs O et D sont, en général, dénués d'inverses, il en est évidemment de même de l'opérateur produit P = DO qui cumule les défauts particuliers des opérateurs composants.

La subjectivité attachée à P se traduit de deux façons principales : 1) la suite des décisions élaborées par P à partir de la suite des stimuli, venus de l'environnement et du système lui-même, peut être la même pour des suites de stimuli distinctes ; 2) les structures (équivalence, ordre, topologie…) inhérentes à l'espace fonctionnel constitué par les suites (plus généralement les fonctions) des décisions possibles sont attribuées, par un processus de transfert inverse, à l'espace des suites (fonctions) des stimuli possibles.

Ce sont donc des particularités propres à P (type de non-inversibilité, structures de l'"espace écran" auquel appartiennent les suites des décisions possibles) qui viennent qualifier subjectivement la façon dont le système appréhende l'évolution de son environnement et de lui-même, à travers les décisions prises. Il y a là un point de vue différent de celui de l'appréhension, la plus classique, à travers les perceptions reçues.

La suite des décisions prises engendre, par l'intermédiaire d'effecteurs, une modification à la fois de l'évolution du système lui-même et de son environnement. Les stimuli se présentent à l'opérateur P = DO et la constitution de la suite des décisions continue. Il y a là une construction partielle du réel perçu et agi ainsi qu'un mode d'appréhension subjectif de ce réel construit. Mais il s'agit d'un "constructivisme bien tempéré" en ce sens que le système (sujet), non séparable de son environnement (objet), contribue, partiellement, à la constitution du couple sujet-objet et à l'appréhension subjective qu'il en a.

(Texte complet disponible auprès de l'auteur)


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Le vrai savoir est le faire même
Du savoir au faire et vice-versa

N. VALLEJO-GOMEZPhilosophie,

Association pour la Pensée Complexe

10.2

B

Mardi 10 Juin, 14h15-16h


"Il me manque une concordance des mots avec la minute de mes états"

Antonin Artaud, Le Pèse-Nerfs.

Décider de ce que l'on sait est une bagatelle. Mais prendre une décision en ignorance de cause, voilà l'enjeu majeur. Que peut alors seconder justement le jugement ? A quoi faire appel lorsque le savoir ne suffit de rien en situation donnée ? Et, en corollaire, quel est ce malheur qui guette une connaissance impuissante ou un savoir qui ne sait pas faire ?

L'on pressent une issue possible dans le fait qu'il semble y avoir une connaissance dialogique du savoir et du faire. Une connaissance plus dialogique que dialectique et qui est, comme pensait Bergson, une connaissance vitale ou savoir du mouvant ; autrement dit, un savoir faire qui peut se faire savoir dans cette parole bergsonienne : "agir en homme de pensée et penser en homme d'action".

Mais cette parole n'est qu'un précepte. Autant dire comme Aristote disait au sujet de la prudence : c'est la praxis de l'homme prudent. Ou bien accepter la réponse de Kierkegaard à la question comment faut-il vivre ? C'est ainsi qu'il faut vivre.

La dialogique du savoir et du faire produirait donc un certain type de connaissance. Peut-elle s'apprendre et/ou s'enseigner ? De quoi en est-il question au juste ?

Il faudra toutefois s'aviser qu'il y a des trous, des arrêts, "à chacun des stades de ma mécanique pensante" (Artaud). Mais aussi, que le terrain de la dialogique du savoir et du faire est l'action ou la décision efficace, autrement dit l'espace plein de trous, le "sans lieu fixe" de l'indéterminé que l'on doit fixer et déterminer sans y immobiliser la pensée. Et cependant, une décision qui serait toujours un aléa jacta est ne serait plus une décision véritable, un jugement positif. Elle serait un coup de dés permanent. Un coup d'Etat permanent à la raison.


97
Rencontres MCX 6 - Poitiers, Futuroscope, 9 et 10 Juin 1997


Retour Index | Retour Index AE-MCX | Retour Home-Page RED&S