Adieu l'Ami;  Un compagnon de cordée nous quitte

Bernard Fabre, guide de haute montagne, qui nous avait invités à l'accompagner lors du Grand atelier MCX de 1998 , en nous disant son expérience de la Cordée, exercice d'Ingénierie des pratiques collectives (la cordée et le quatuor) (cf. ouvrages du RIC) est mort accidentellement il y a peu. M/J. Avenier qui anima cet Atelier et cet ouvrage collectif, le premier de la collection Ingenium, évoque pour nous son lumineux souvenir.

 

 

 

Adieu l'Ami.  Un compagnon de cordée nous quitte accidentellement

 

"Bernard Fabre est mort". Cette nouvelle a traversé l'Oisans comme une onde de choc au soir du 2 février 2001. "Bernard Fabre a été emporté par une avalanche".

 

Bernard Fabre, c'est ce guide qui avait accepté avec beaucoup de générosité de descendre de sa haute montagne pour venir réfléchir avec nous, à Poitiers, sur l'accompagnement, lors du Grand Atelier MCX1 de novembre 1998.

Dans son intervention (reprise en grande partie dans Ingénierie des Pratiques Collectives), La Cordée et le Quatuor, M.J. Avenier (dir. Ed. L'Harmattan, collection Ingenium, 2000), il nous avait décrit son métier avec une rare passion. Il avait évoqué l'imprévisibilité du milieu dans lequel un guide évolue : chutes de pierres, chutes de séracs, avalanches… Il nous avait fait part des valeurs simples qui le guidaient, notamment l'authenticité et l'humilité. Il avait souligné l'engagement physique continuel du guide dans sa pratique de l'accompagnement, un propos qui prend tout son sens aujourd'hui, après ce tragique accident. Il nous avait émus avec ses diapositives qui en disaient bien plus que de longs discours.

Il avait également indiqué qu'il ne prononçait pas souvent le mot "clients", qui induit une relation essentiellement commerciale, alors que pour lui une course en montagne était avant tout une aventure humaine. Il disait considérer les personnes qu'il emmenait comme sacrées : c'étaient ses compagnons de cordée. Il l'a prouvé : ses derniers compagnons de cordée sont bouleversés mais indemnes. Il les avait laissés en lieu sûr pendant qu'il était parti faire la première trace dans cette zone à risque. Ce sont eux qui l'ont dégagé immédiatement, mais ils n'ont pu le ranimer : Bernard avait été mortellement blessé par l'avalanche de neige durcie par le vent.

 

C'est dur de perdre un ami, unanimement reconnu par tous ceux qui l'ont côtoyé comme un "type bien", en pleine force de l'âge, qui, au contact des hommes et de la nature, avait développé tant de connaissances pratiques sur l'intervention délibérée en situation complexe, qu'il était prêt à partager avec nous.

Marie José Avenier