Michel ADAM  Présentation & essai de problématique de l'atelier

23 avril 2005

ESSAI DE PROBLÉMATIQUE DE L'ATELIER

Animateur de l’atelier

Michel ADAM

m_adam@club-internet.fr

Du juge confronté au difficile équilibre entre l'application de la norme et les nécessaires individualisation et personnalisation de la peine, au dirigeant associatif revendiquant sa légitimité différente face à celle de l'élu politique, en passant par le formateur qui cherche à emprunter les chemins de l'éthique - une éthique de la compréhension - pour faire s'approprier par un effet de réassurance les conditions d'un partenariat satisfaisant ("un mieux faire ensemble") et développer une culture de la transversalité, il s'accumule de très nombreuses différences.

Mais pourtant dans ces expériences d'action en situation complexe, chacun s'affronte à un dilemme où se confrontent les rapports du tout - un grand Tout, toujours incomplet - et de la partie, une ou plusieurs parties selon les cas. La question des parties prenantes et de leurs interactions complexes émerge à chaque fois malgré trois contextes fort différents.

• Le droit est un système complexe pour le justiciable, ce système l’est aussi pour ceux qui doivent le construire (le législateur), et l’appliquer (le juge).  Ce qui interpelle cette complexité. D'où vient-elle ? Est-elle dû à la réalité mouvante des faits, à la multiplicité des acteurs et de leurs  interactions, à l’archaïsme des institutions et des procédures ? Ou bien aux limites de la loi écrite ? Faut-il inventer de nouvelles formes sociales, cognitives, techniques pour gérer notre vivre ensemble et nos accords sur la norme commune ?  Quid de la prise en compte du pluralisme juridique dans une nouvelle élaboration du droit ? Et dans de nouvelles modalités de son application ? Aux côtés de Danièle Bourcier, deux magistrats témoigneront de leurs interrogations et recevront celles des participants.

Réaction  1 : " le vivre ensemble c'est aussi pour les juges que le choix de la

peine doit être accepté par les différents acteurs "

• Et si le principe hologrammatique cher à Edgar Morin, et développé dès 1985 lors d'un colloque de Gérard Pinson et Daniel Favre à Montpellier, nous proposait un éclairage sur ces questions. Rappelons que l'hologramme est une figure optique  particulière dont l'une des propriétés est que chacune de ses parties contient le Tout, avec une résolution plus faible.

Appliqué à des organismes vivants  - au delà de la cellule ou de la mémoire  - cela permet-il de comprendre pourquoi chaque partie est tentée de se prendre pour le Tout ? La dimension hologrammatique renforcerait et expliquerait l'égocentrisme de l'être humain au détriment de son altruisme ?

Réaction 2 : Je viens d’écrire un texte pour une conférence que je dois faire en mai sur le territoire hologrammatique en tant que zoom de complexité sociale! L’action territoriale me paraît contenir les exemples de problématiques complexes sociétales qui se posent à toutes les sociétés, et de fonctionnement complexe social en interne. Chaque partie (d’un Conseil général par exemple) contient le Tout sociétal et social, et le Tout social contient chaque partie (services, départements, individus) à travers  ses individus.

Réaction 3 : attention c'est un tout en réduction, donc pas le Tout de départ, mais un tout moins consistant (?), plus potentialisé qu'actualisé ?

 

• Ce qui appelle alors pour un "mieux faire vivre ensemble" une éthique de la compréhension selon Evelyne Biausser (et Edgar Morin La Méthode tome 6), ou encore un principe de légitimité plurielle selon Michel Adam, soit un double contenu épistémique et civique à la fois :

-          la conscience (si difficile à construire et à faire vivre) pour chaque partie prenante à un tout organisé, de n'être qu'une partie et les exigences que cela entraîne pour coopérer : une décentration cognitive selon Roland Fonteneau et une auto-éthique selon Edgar Morin (La Méthode tome 6)

-          et la nécessité du respect et de la compréhension des autres parties prenantes, comme participant pleinement à la richesse (la "biodiversité" complexe) du Tout, soit une société vraiment plurielle, une économie plurielle, des sources du droit plurielles, etc…

• Quelle intelligence de la complexité pouvons nous faire naître ? Tenter de la mettre en dialogue entre ces trois expériences d'action dans des systèmes complexes, ce sera tout l'objet d'un atelier qui s'annonce passionnant.

Et que les remarques qui arrivent au fur et à mesure viennent déjà  irriguer…

Il s’agit ici de considérer l’éthique comme vecteur de sens dans des projets multipartenariaux, où les partenaires n’ont pas la culture de la transversalité.

Tel un tissu conjonctif reliant la pragmatique et la réflexion, l’éthique auto-ré-organise ces projets et l’action collective qui leur est nécessaire. Naît alors un nouveau faire-autrement-ensemble, initiateur d’une prise de conscience de la nécessité pragmatique d’un nouveau paradigme, et initiateur d’un début d’abandon du modèle prégnant.

L’éthique en tant que l’un des rares points de réassurance possibles dans le chaos et la peur générés dans les représentations individuelles de la compétence, par le passage instable d’un modèle à un autre, est initiatrice d’un nouveau désir et d’un nouvel affect collectifs professionnels.



Cheminement illustré (et suggéré) par l’accompagnement de 3 projets complexes dans des collectivités territoriales :

·         Un projet d’évaluation des Contrats éducatifs locaux, mettant en jeu les acteurs de l’éducatif et du péri-éducatif sur un département

·         Un projet de réseau des acteurs culturels autour du livre sur une commune

·         Un projet sur la décentralisation de l’action médico-sociale sur un département