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Martine TIMSIT-BERTHIER : Que peuvent apporter les neurosciences cognitives à la connaissance de nous-mêmes ?
13 Janv.05
Que peuvent apporter les neurosciences cognitives
à la connaissance de nous-mêmes ?
Réflexions épistémologiques soulevées par une pratique de 10 ans dans une clinique de stress
TIMSIT-BERTHIER Martine et FIRKET Pierre
Depuis 40 ans, les neurosciences cognitives ont accumulé un savoir important qui nous a permis d’approfondir notre compréhension des processus de pensée et elles peuvent faire espérer une meilleure connaissance de nous-mêmes. Qu’en est-il dans la pratique clinique ?
L’expérience accumulée pendant 10 ans dans une clinique du stress a mis en de nombreux problèmes méthodologiques. Ils s’articulent autour des concepts et des méthodes très étrangères les unes aux autres de ces différentes disciplines, les unes tournées vers la recherche de lois et de normes, les autres vers l’approche de la singularité.
Le risque était de faire intérioriser au sujet un langage étranger à son propre vécu et de favoriser, à l’occasion de cette violence symbolique, un nouveau type d’aliénation.
Il était donc nécessaire de créer des liens entre ce nouveau savoir et les savoirs hétérogènes de la psychologie clinique et de la psychopathologie.
Ces liens sont complexes et comprennent plusieurs articulations :
-La première articulation se situe entre les problématiques très spécialisées des neurosciences cognitives et les problèmes soulevés par les demandes sociales, individuelles et collectives : quels concepts sélectionner ? Quels autres transformer ? Quels autres créer ??
-La deuxième articulation se situe entre le langage du clinicien et celui du sujet consultant, et la difficulté est de pouvoir co-construire un dialogue qui fait entrer en résonance un certain savoir « objectif », exprimé « à la 3° personne » avec un vécu, parfois innéfable, en tout cas exprimé « à la 1° personne ».