Magistralement préfacé par G. Pineau qui regarde avec beaucoup d'acuité les problématiques d'alternance, initié et coordonné par D. Violet, cet ouvrage collectif auquel ont contribué des universitaires (F. Gomez et B. Hostein, F. Morandi, D. Chartier, F. Lerbet-Séréni) est probablement connu de certains lecteurs de la Lettre MCX puisqu'il a grandement alimenté un atelier des Journées de Poitiers, au Futuroscope, en Juin dernier. La corrélation du contenu de cet ouvrage avec les visées de la Rencontre MCX était évidente puisqu'il s'agit, dans ce livre, de commencer à approfondir les pratiques de formation des enseignants en les conjoignant à leurs futures pratiques formatives à travers l'appréhension des processus mis en jeu dans leurs propres parcours actuels d'apprenants. Des apprenants qui par la démarche de production de savoir (des mémoires en "UFM et au CNPS des MFR), tentent d'apprivoiser leur expérience pour la conscientiser en usant de cette activité de construction cognitive si féconde qu'est l'écriture.

C'est de façon plus fine que ne peut l'être cette brève présentation mais dans cet esprit, que D. Violet s'efforce de dégager les conditions permettant d'aller vers une "pragmatique effective", plutôt que de se contenter d'une "praxéologie efficace". En posant cela, l'auteur est alors conduit à souligner combien s'impose la nécessité de se référer à un méta-cadre complexe dans le travail mené par le future enseignant et combien ce méta-cadre est redevable à l'inscription de ce travail dans un champ épistémologique large qui permet de pouvoir associer, par exemple, le domaine disciplinaire enseigné avec les exigences didactiques et pédagogiques.

Les chapitres suivants abordent certains aspects de la vaste problématique abordée dns l'ouvrage. F. Gomez et B. Hostein montrent à partir d'une approche psychosiologique extensive combien les étudiants ont des difficultés à entrer de plain-pied dans la démarche complexe du mémoire. F. Morandi insiste de manière plus philosophique sur les enjeux et sur la conceptualisation de l'alternance en milieu scolaire classique dont les "UFM sont une illustration. De son côté, D. Chartier témoigne de la relative différence entre ce milieu et celui des MFR où l'activité formative par production d'un mémoire en alternance est facilitée puisque les futurs enseignants la pratiquent au quotidien dans leur vie pédagogique professionnelle. Enfin, F. Lerbet-Séréni s'appuie sur la conception des "analyses de pratiques" chez les étudiants en "UFM, pour esquisser le parcours allant d'un "de soi" vers un "à soi", parcours qui caractérise une réappropriation singulière des savoirs et de l'expérience grâce à l'écriture des "différents détours d'altérité" qu'elle identifie comme étant marqués par la rédaction brute narrative du vécu et celle de la situation, par la rencontre avec les pairs du groupe de formation, par les lectures théoriques et par l'observation rigoureuse du terrain.

En bref, cet ouvrage me semble constituer une solide propédeutique pour qui se sent concerné par l'ingénierie de la formation des futurs formateurs.

Georges Lerbet