Modélisation de la CompleXité
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"Modélisation de la CompleXité"

Association pour la Pensée Complexe
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Note de lecture

Rédigée par JLM sur l'ouvrage de PESSIS PASTERNA Guitta :
« Faut-il brûler Descartes ? Du chaos à l'intelligence artificielle : quand les scientifiques s'interrogent »
     Ed. La Découverte, Paris, 1991, 270 p.

Depuis plus de dix ans, G. Pessis Pasternak se passionne avec une curiosité de journaliste professionnelle pour l'apparition des nouveaux paradigmes scientifiques et la résurgence des anciens : les lecteurs du Monde ou de quelques autres hebdomadaires d'actualité se souviennent de ses entretiens vivants eî originaux avec quelques-un des "pionniers" des nouvelles disciplines, publiés entre 1981 et 1991. Comme la plupart de ces chercheurs sont devenus, au fil de dix dernières années, des "stars médiatisées", leur seul nom ne fera-t-il pas vendre ? C'est sans doute cet argument qui a incité un éditeur à rassembler (dans un curieux désordre chronologique) dix-huit de ces entretiens en un ouvrage aisé à feuilleter. Il nous rend ainsi un bon service puisqu'il nous permet de slalomer aisément entre I. Prigogine, H. Atlan, E. Morin, B. d'Espagnat, A. Jacquard, H. Reeves, H. Von Foerster, H.A. Simon et quelques autres, en retrouvant quelques-unes des thèses préférées des principaux constructeurs contemporains des sciences de la complexité. Selon un rituel désormais établi, R. Thom, J.P. Changeux et H. Dreyfus jouent le rôle des gardiens du Temple de la science et de la philosophie positive, pour assurer une parité symbolique qui cautionne l'esprit de tolérance de l'éditeur. Pour susciter plus sûrement la décision d'achat ce dernier à choisi en outre un titre racoleur qui ne révèle absolument pas le contenu du livre : "Faut-il bûler Descartes ? Les scientifiques s'interrogent".Or aucun des "interrogés" ne se pose cette question provoquante... et si on la leur posait, il est manifeste quc la plupart répondrait ; surtout pas ! peut-être aurait-il fallu leur demander "Faut-il enfin enterrer Auguste Comte ?" puisque ce recueil est, pour l'essentiel et peut-être à son insu, une oraison funèbre des positivismes et donc des scientismes. Mais on peut craindre que par une légitime prudence, les interrogés auraient préféré ne pas répondre : après tout, nombre d'entre eux peuvent encore espérer un fauteuil à l'Académie des Sciences de Paris ! J.P.Changeux n'affirme-t-il pas ses "droits de neurobiologiste" qui lui permettent "de faire l'hypothèse que les bases neurales de l'éthique puissent exister" ? Et comme H. Atlan proteste contre cette prétention des scientifiques à forger une éthique, il se fait répondre "qu'il n'est pas neurobiologiste"... et que le religieux ou le philosophe en savent ''moins sur "les données objectives" et l'éthique que le neuropsychologue (P. 165 - 166) H.A. Simon aura beau rappeler que "la meilleure description de l'amour n'a pas été faite par un psychologue ou par un biologiste, mais par Stendhal" (p. 234), on ne pourra que constater avec mélancolie que le scientifique positif n'est pas mort et que le réductionisme cartésien ne brûle que pour réchauffer et activer le zèle des grands simplificateurs. La question n'est pas, décidérnent, ce savoir s'il faut brûler Descartes, mais de comprendre pourquoi il faut lire aujourd'hui Aristote (et pas seulement "L'organon"), Léonard de Vinci, Vicco, P.Valery ou "la critique de la faculré de juger" de Kant. Lisons ce livre en diagonale, en changeant ainsi mentalement son titre : il nous rendra le service de nous inciter à remonter aux sources. Le medium ici n'est pas le message, mais il facilite sa recherche.

Fiche mise en ligne le 12/02/2003


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