Modélisation de la CompleXité
Programme européen MCX
"Modélisation de la CompleXité"

Association pour la Pensée Complexe
Association pour la Pensée Complexe
 

Note de lecture

Rédigée par JLM sur l'ouvrage de LESTEL Dominique :
« Fourmis cybernétiques et robots insectes : socialité et cognition à l'interface de la robotique et de l'éthologie expérimentale »
     in "Information sur les sciences sociales/Etudes sur la science" (SAGE, Londres) 31-2 (1992), pp. 179-211.

Dans une revue malheureusement malaisément accessible, D. Lestel propose une discussion très documentée, sur les questions épistémologiques passionnantes que pose aujourd'hui la rencontre de deux disciplines que l'on ne pensait guère à rapprocher : l'éthologie expérimentale (et en particulier l'éthologie des insectes sociaux) et l'Intelligence Artificielle (dans ses développements à la robotique notamment). On sait que bon nombre des développements récents sur "la vie artificielle" (un des premiers "produits" visible des sciences de la complexité s'assumant comme telles) se forgent dans ces simulations informatiques de comportements de colonies d'insectes ou d'oiseaux, comportements qui révèlent "l'émergence" de propriétés imprévues et parfois "intelligentes" du système simulé. Les éthologistes anticipaient déjà la fécondité heuristique de ces simulations pour leur propre discipline, et les informaticiens furent vite demandeurs d'hypothèses plausibles à tester sur "l'intelligence des comportements" en situation apparemment complexe (imprévisible). D. Lestel conduit son étude en anthropologue, examinant la forme et le fond des études publiées depuis quinze ans par ces deux "populations". Ce qui le conduit à suggérer nombre de "bonnes questions" épistémologiques et à reconnaître l'étonnante réorganisation de la carte des sciences à laquelle nous conduisent ces recherches qui confrontent les chercheurs à la dichotomie du naturel et de l'artificiel, de l'état et du processus, de l'objet et de l'action. Une des belles pièces que reçoit en 1992 notre bibliothèque en construction collective des sciences de la complexité (un seul tout petit regret : la concession à l'air du temps qui conduit D. Lestel à évoquer "ces fantasmes latents... de ce que H. Simon (1969) avait appelé un temps les sciences de l'artificiel" : Il les appelle toujours ainsi vingt ans après, et nous avec lui ; et je ne vois rien qui relève du fantasme, latent ou pas, dans son propos ! Pourquoi faut-il systématiquement dissuader ses interlocuteurs de travailler les bons auteurs... ceux qui, précisément, par la célèbre parabole de la fourmi, métaphore du programme informatique, ont inventé "l'interface de l'éthologie et de la robotique ! ).

Fiche mise en ligne le 12/02/2003


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