Rédigée par J.L.M. sur l'ouvrage de AXELROD Robert : |
« Donnant-Donnant. Une théorie ducomportement coopératif » Trad.de l'Américain, 1984, par Michèle Garène, Ed. Odile Jacob, Paris, 1992. 235 p. |
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Il était important de traduire en français cette théorie actualisée de "L'évolution de la coopération" (dans un jeu à plusieurs joueurs), titre du livre en anglais : nous avons tellement poussé au paroxysme nos réflexions collectives sur la compétition et la compétitivité, qu'il devenait urgent de rétablir l'équilibre : la coopération n'est ni moins noble, ni moins intelligente ou moins efficace que la compétition, ce traité classique de R. Axelrod le montre en se plaçant sur le terrain préféré des théoriciens, celui de la théorie des jeux !... Le dilemme du prisonnier y induit on le sait, un "paradoxe" que les uns tiennent pour logique, les autres pour social, qui défie depuis longtemps les stratèges "dominateurs" !...
L'exercice imaginé il y a longtemps par R. Axelrod pour tester l'efficacité de ces "stratégies dominantes" (un "tournoi informatique" dont le vainqueur fut toujours le Programme de A. Rapaport "Donnant-Donnant", développant la "stratégie la plus simple" ("faire ce que l'autre a fait au coup précédent" et donc "ne jamais attaquer le premier"). Sans doute "l'ennui avec Donnant-Donnant, c'est qu'une fois qu'une querelle naît, elle peut continuer indéfiniment" (p. 139). Mais si le programme est à la fois "bienveillant, susceptible, indulgent et transparent" (p. 173), alors, bien que non idéale, la stratégie du Donnant-Donnant conduit à faire émerger des comportements coopératifs dans les jeux itératifs...
On devine les multiples interprétations et illustrations que cette théorie suggère, qui feront l'intérêt du livre d'Axelrod.
Mais, quoi qu'en dise la couverture du livre, "Donnant-Donnant" n'est pas "la" théorie du comportement coopératif : il est "une" théorie du comportement coopératif" (page de garde). Il est donc bien d'autres, moins simples, peut-être, mais plus inventives. La confiance est plus complexe que l'abus de confiance, mais n'est-elle pas aussi intelligible ?
Il reste que notre capacité à nous étonner de notre si féconde capacité à coopérer mérite qu'on la médite : le texte d'Axelrod contribue localement et heureusement à cette intelligence de la complexité des comportements interactifs.
J.L.M.
Fiche mise en ligne le 12/02/2003