Rédigée par J.L.M. sur l'ouvrage de LINHART D. et PERRLAULT J. : |
« Le travail en puces » Ed. PUF. La Nouvelle Encyclopédie Diderot, Paris, 1992. 289 p. |
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Le "travail en puces" sera donc à l'organisation (sur) informatisée ce que le "travail en miettes" était à l'organisation (sur)taylorisée. Pourquoi pas ? Le clin d'oeil du titre risque de n'être pas aisément perçu par les lecteurs qu'il recherche, ceux de "La Nouvelle Encyclopédie Diderot", qui aspirent à ne plus séparer culture scientifique et culture générale. Mais puisque "le discours sur les nouvelles technologies a acquis depuis 20 ans tous les traits d'une litanie", il fallait bien émettre un signal incongru pour attirer l'attention. Il le fallait d'autant plus que la conclusion de cette réflexion collective, qui rassemble nombre de bons esprits, sera "d'une prudence considérable quant aux effets de l'informatique sur le paysage social : les transformations ne sont pas nettes" (p. 284)... Conclusion de bon sens pour quiconque expérimente et réfléchit cette fascinante transformation de nos regards sur nos actes les plus familiers qu'engendre apparemment "l'essor des puces"... ou l'informatisation des sociétés contemporaines ; conclusion de bon sens qui ne doit pas vous dispenser de lire ce dossier encyclopédique : car, dans l'ensemble, il est fort solidement argumenté, documenté et organisé. Ne pouvait-on pourtant aller un peu plus avant dans la réflexion ? Sommes-nous durablement contraints à cette restriction mentale de toute activité positivement scientifique, qui contraint à ne considérer que ce qui est (ou ce qui fut), en s'interdisant de parler de ce qui pourrait être, voire de ce que l'on voudrait voir devenir ? Lorsque "tout est possible, rien n'est fatal", ni donc déterminé par avance. A trop chercher des "lois" déterminant l'avenir du "travail en puces", on ne peut que conclure de façon "prudente" ! Mais si l'on convenait qu'il n'y a peut-être pas de lois certaines, ne pourrait-on s'interroger sur les possibles plausibles, et par là-même sur les possibles que l'on pourrait vouloir ? Considérons par exemple une de mes hypothèses favorites : "L'organisation sociale peut se comprendre comme un système complexe qui mémorise". N'est-il pas plausible de concevoir des systèmes de mémorisation qui incitent l'organisation à se comporter comme un système mémorisant ? Et donc, parfois, intelligent ? Ne peut-on dès lors faire de l'étude de la possible mémorisation organisationnelle un thème intéressant de recherche scientiffque et culturel lorsqu'on s'intéresse à l'informatisation de la société ? Et, réciproquement, n'est-il pas regrettable que ce thème ne soit même pas évoqué dans "Le travail en miettes" ?
Peut-on ajouter un autre regret pour inciter les auteurs des prochains dossiers de la Nouvelle Encyclopédie Diderot à aider leurs lecteurs, qu'il faut souhaiter nombreux : une indexation bibliographique commune, et un index des principaux concepts seront fort bienvenus pour nous aider à naviguer. Les premiers dossiers les développaient ("à la main", je crois). Informatisation des traitements de textes aidant, ne pourrait-on à nouveau "joindre les cartes au territoire" ?
J.L.M.
Fiche mise en ligne le 12/02/2003