La modélisation de système fonctionnant "en parallèle" (qu'il s'agisse d'organismes vivants, de systèmes informatiques ou d'organisations sociales) constitue sans doute un des défis les plus stimulants que nous invitent à affronter les sciences de la complexité. Aussi l'expérience, même très "locale" que développent les sciences de la computation et les pratiques de l'informatisation dans le domaine de "la programrnation parallèle"  constitue-t-elle une contribution fort bienvenue à cette entreprise épistémologique autant que technique.

L'excellente synthèse pédagogique rédigée par Ph. Mauran et ses collègues enseignants de l'ENSEEIHT, nous apporte un état de l'art fort bien présenté et documenté dans ce domaine, nous révélant sans doute plus le chemin qui reste à parcourir pour entendre la complexité multiforme des phénomènes de parallélisme (à la fois actuellement intelligible et potentiellement imprévisible), même dans le domaine relativement balisé de la computation algorithmique. Un exemple parmi d'autres le fera percevoir : la notion de "Module" (ou partie autonome et interfaçable de programmation) est très probablement une des plus utiles pour organiser des programmes complexes ("L'outil fondamental" disent P. Mauran et A1.). Mais l'identification et l'articulation judicieuse des modules à organiser en un programme "reste affaire d'expérience, de pratique et d'inspiration" (p. 22). Les seuls critères dont on dispose sont semble-t-il "la cohérence" et "le petit nombre d'objets à traiter par module". Les modélisateurs doivent désormais être à l'affût des heuristiques mises en oeuvre, dans un contexte donné, par les concepteurs d'un programme parallèle, pour repérer les traces stables de ces pratiques intuitives et pour se les approprier. Il me semble, en lisant ce solide traité sur la programmation parallèle, que ses auteurs nous livrent quelques matériaux qui nous permettront collectivement d'enrichir notre intelligence pratique de cette modélisation complexe.

J.L.M.