Le projet de cette collection est d'aborder "dans un style délibérément simple des thèmes variés (ici : la science à l'oeuvre) en s'adressant aux étudiants"... donc aux citoyens. Ce projet justifie que l'on considère son inscription dans le vivant catalogue de la bibliothèque en construction des sciences de la complexité...

L'entreprise est sympathique et de facture classique : on y dit beaucoup de mal du scientisme ambiant, et on est indulgent pour le positivisme qui le fonde, sans doute parce que ce positivisme est le garant moral des institutions académiques que connaissent étudiants et enseignants susceptibles de recommander ce livre. L'idée d'associer aux 150 pages de l'essai une cinquantaine de petits textes dus aux scientifiques et épistémologuesles plus éminents est fort judicieuse et pédagogique. Mais comme l'auteur s'est attaché à ne connaître dans "la science à l'oeuvre" que celle que cautionnent les académies, il ne risque pas d'égarer ses lecteurs vers les questions qui intéressent aujourd'hui les citoyens en prise avec la complexité de leur relation au monde ! Sciences des systèmes, sciences de la conception, sciences de la complexité, herméneutique, dialectique ou logique naturelle, écologie humaine et pragmatique... ne relèvent pas de cette image d'une "science au présent" que l'on aimerait rencontrer pour assurer nos progressions. Ne cherchez pas de référence à l'Encyclopédie Epistémologique de Jean Piaget, à "La Méthode" d'Edgar Morin ou à l'épistémologie empirique d'H.A. Simon. Pour cette science... positive, L. de Vinci ou G.B. Vico ne sont pas des scientifiques dignes d'intérét !... Ces avertissements au lecteur étant rappelés, il faut conseiller au citoyen débutant la lecture de ce livre : on ne saurait faire "table rase" lorsqu'on élabore des stratégies de modélisation de la complexité, et ce recueil fort pédagogiquement enlevé, résume bien des doctes traités de philosophie et d'histoire des sciences.

J.L.M.