Note de lecture
Rédigée par Edmond MARC sur l'ouvrage de TARPINIAN Armen (ed.). : |
« PSYCHOTHERAPIE, CULTURE, SOCIETE. L’art d’aider (II) » Revue de Psychologie de la Motivation, Juin 2003, 2001, ISSN 0980 2002, 160 pages |
Voir l'ouvrage dans la bibliothèque du RIC |
Ndlr. Les réflexions sur la formation de " l'humanisme moderne " que nous propose A. Tarpinian et l'équipe d'animation de la Revue de Psychologie de la Motivation, retiennent volontiers notre attention. Nous avions déjà repéré un numéro antérieur de la revue, publié sous le titre : " Edgar Morin, l'Humaniste Planétaire. Repenser le développement individuel et collectif ". (N°32 de la Revue de Psychologie de la motivation, décembre 2002.' Voir :
http://archive.mcxapc.org/cahier.php?a=display&ID=373. Il publie cette année une série sur le théme " L'Art d'aider ", dont le second volet vient de paraître. Ce riche numéro est introduit par un avant propos d'Edmond Marc, qui en quelques lignes, met fort bien en perspective le projet culturel et social des psychothérapies contemporaines. Nous lui avons demandé, ainsi qu'à la rédaction de la revue, son accord pour reprendre ici en note de lecture de ce dossier, le texte de cet avant -propos. Nous les remerciions de leur nouvelle contribution à nos réflexions collectives. (Rappelons que l'on peut joindre la revue à : RPM, 83 avenue d'Italie, 75013, Paris.
Site : http://psychomotivation.free.fr
Les psychothérapies, si elles constituent un domaine spécifique, ne peuvent être isolées du contexte dans lequel elles s'inscrivent. Les modèles, les valeurs, les normes, les conflits qui animent notre univers social affectent les problèmes de santé psychique et les réponses qui peuvent y être données. Mais, à son tour, les apports de la psychologie et de la psychothérapie ont un retentissement sur les relations sociales, la famille, les institutions et sur l'évolution de notre culture.
Le mal-être des individus ne peut être abordé indépendamment d'un malaise dans la civilisation. L'attention portée aujourd'hui à des phénomènes comme la souffrance au travail, le harcèlement moral, le burn-out, les violences urbaines et à l'école nous rend sensibles à des pathologies qui sont autant sociales qu'individuelles.
Il y a donc une interstructuration des individus et des institutions que seule est capable d'appréhender une démarche non réductrice s'efforçant de prendre en compte la " complexité " des problèmes (dans le sens où cette notion a été conceptualisée par Edgar Morin). C'est dans cette optique fondamentale que l'on peut au mieux apprécier le remarquable travail que la Revue PM accomplit depuis sa création en 1986. D'où son insistance à nous rappeler la nécessaire articulation entre la " psychique " (selon la formule de Paul Diel) et les pratiques sociales et politiques, le développement individuel et le développement collectif (cf. Nos 31 et 32).
Si la psychothérapie a un rôle à jouer dans la société d'aujourd'hui, c'est d'abord comme instrument de base d'une relation d'aide qui tend à soulager les souffrances, les angoisses et les crises des individus. Dans ce sens, elle a apporté des notions théoriques, des outils pratiques et des valeurs éthiques tout à fait essentiels. Mais c'est aussi comme pourvoyeuse de concepts, d'exigences et de démarches qui trouvent à s'appliquer bien au-delà du domaine de la pathologie individuelle. Pour donner un exemple, l'approche non directive de Carl Rogers, élaborée dans le cadre de la thérapie, a permis de renouveler profondément les conceptions du conseil et de la relation d'aide, de la pédagogie, la façon de conduire différentes formes d'entretien et d'appréhender les relations de travail, la résolution des conflits, etc. Il en est de même pour la psychologie adlérienne, la psychologie de la motivation, l'analyse transactionnelle, l'approche systémique, la gestalt-thérapie…
La très forte médiatisation de la psychothérapie et des techniques de développement personnel (quel que soit le jugement que l'on porte sur les formes qu'elle revêt) reflète la psychologisation croissante de notre culture. C'est certainement un moyen de compenser le relatif sous-développement du domaine de la psychologie et des relations humaines par rapport au formidable essor des technologies qu'a connu le siècle dernier. On peut avoir le sentiment que la conquête du monde physique s'est traduite par une perte d'âme et d'humanité qu'il s'agit maintenant de rattraper.
À l'heure où les pouvoirs publics et la profession se préoccupent d'encadrer et de réglementer l'activité de psychothérapeute, ce riche diptyque que constituent ce numéro et le précédent consacrés à l'Art d'aider apporte une contribution féconde à la définition et à la compréhension de cette activité en plein essor et évolution (*). Il permet d'en mieux cerner les enjeux dans une société en pleine mutation.
(*) À cet égard, lire dans le N° 34, les articles de M. Graner " La motivation : un concept unificateur ? " et d'A. Tarpinian " Vers une psychothérapie intégrative : les apports de la psychothérapie de la motivation ". Le souci de mettre en évidence " les qualités psychothérapiques universelles " et, sous des termes différents, les valeurs communes, témoigne de l'ouverture et de la perspective intégrative de la revue.
Les psychothérapies, si elles constituent un domaine spécifique, ne peuvent être isolées du contexte dans lequel elles s'inscrivent. Les modèles, les valeurs, les normes, les conflits qui animent notre univers social affectent les problèmes de santé psychique et les réponses qui peuvent y être données. Mais, à son tour, les apports de la psychologie et de la psychothérapie ont un retentissement sur les relations sociales, la famille, les institutions et sur l'évolution de notre culture.
Le mal-être des individus ne peut être abordé indépendamment d'un malaise dans la civilisation. L'attention portée aujourd'hui à des phénomènes comme la souffrance au travail, le harcèlement moral, le burn-out, les violences urbaines et à l'école nous rend sensibles à des pathologies qui sont autant sociales qu'individuelles.
Il y a donc une interstructuration des individus et des institutions que seule est capable d'appréhender une démarche non réductrice s'efforçant de prendre en compte la " complexité " des problèmes (dans le sens où cette notion a été conceptualisée par Edgar Morin). C'est dans cette optique fondamentale que l'on peut au mieux apprécier le remarquable travail que la Revue PM accomplit depuis sa création en 1986. D'où son insistance à nous rappeler la nécessaire articulation entre la " psychique " (selon la formule de Paul Diel) et les pratiques sociales et politiques, le développement individuel et le développement collectif (cf. Nos 31 et 32).
Si la psychothérapie a un rôle à jouer dans la société d'aujourd'hui, c'est d'abord comme instrument de base d'une relation d'aide qui tend à soulager les souffrances, les angoisses et les crises des individus. Dans ce sens, elle a apporté des notions théoriques, des outils pratiques et des valeurs éthiques tout à fait essentiels. Mais c'est aussi comme pourvoyeuse de concepts, d'exigences et de démarches qui trouvent à s'appliquer bien au-delà du domaine de la pathologie individuelle. Pour donner un exemple, l'approche non directive de Carl Rogers, élaborée dans le cadre de la thérapie, a permis de renouveler profondément les conceptions du conseil et de la relation d'aide, de la pédagogie, la façon de conduire différentes formes d'entretien et d'appréhender les relations de travail, la résolution des conflits, etc. Il en est de même pour la psychologie adlérienne, la psychologie de la motivation, l'analyse transactionnelle, l'approche systémique, la gestalt-thérapie…
La très forte médiatisation de la psychothérapie et des techniques de développement personnel (quel que soit le jugement que l'on porte sur les formes qu'elle revêt) reflète la psychologisation croissante de notre culture. C'est certainement un moyen de compenser le relatif sous-développement du domaine de la psychologie et des relations humaines par rapport au formidable essor des technologies qu'a connu le siècle dernier. On peut avoir le sentiment que la conquête du monde physique s'est traduite par une perte d'âme et d'humanité qu'il s'agit maintenant de rattraper.
À l'heure où les pouvoirs publics et la profession se préoccupent d'encadrer et de réglementer l'activité de psychothérapeute, ce riche diptyque que constituent ce numéro et le précédent consacrés à l'Art d'aider apporte une contribution féconde à la définition et à la compréhension de cette activité en plein essor et évolution (*). Il permet d'en mieux cerner les enjeux dans une société en pleine mutation.
Edmond MARC
(*) À cet égard, lire dans le N° 34, les articles de M. Graner " La motivation : un concept unificateur ? " et d'A. Tarpinian " Vers une psychothérapie intégrative : les apports de la psychothérapie de la motivation ". Le souci de mettre en évidence " les qualités psychothérapiques universelles " et, sous des termes différents, les valeurs communes, témoigne de l'ouverture et de la perspective intégrative de la revue.
Fiche mise en ligne le 20/09/2003