Rédigée par Charles Roig sur l'ouvrage de SALANSKIS Jean-Michel : |
« L'herméneutique formelle. L'infini, le continu, l'espace » Editions du CNRS. Paris, 1991. 258 p. |
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Nous reprenons ici la présentation de cet ouvrage rédigée par Charles Roig, (publiée dans le Dossier MCX Vl, 1994, p. 37, - 1.3.7), présentation qui participait à l'illustration d'un développement sur "la complexité et les enjeux cognitifs de la textologie", pp. 29-39). Dans la dernière partie de son étude, Ch. Roig a proposé un développement original de la thèse de l'herméneutique formelle de J.M. Salanskis, dans la problématique des "Constructions et Productions cognitives" qui caractérisent "la sémiotique textuelle" (- 4.14, p. 204-228). On trouvera ce commentaire au - 4.1.4,p. 219-228).
L'herméneutique formelle de J.M. Salanskis (1991 : 93-97) constitue un cas type de "redécouverte" de l'herméneutique lors d'une réinterprétation du legs de Kant à la lumière de certains concepts fondamentaux de la science contemporaine : l'infini, le continu, l'espace. Tel est l'aboutissement de la volonté de combler un vide créé par l'approche empirique logique des "pseudo-choses". Un texte ou un discours inspiré par des considérations métaphysiques peut aller jusqu'à conférer à ces pseudo-choses (allant de la vitesse et de l'énergie à l'infini et à l'espace) les mêmes "conditions de vérité" qu'à un texte ou un discours sur des choses (traitées comme sous-jacentes). Ainsi, "il n'est pas rare que le recours aux mathématiques soit le moyen par lequel la physique introduit des entités qui font apparemment partie du monde des référents (de la réalité) mais qui ont une teneur essentiellement mathématique - telles sont les pseudochoses". Notons que ces remarques s'appliquent de la même manière et pour les mêmes raisons à la plupart des modèles économétriques (Summers, 1992). Dans de telles circonstances, la lecture herméneutique se présente comme un retour aux sources, c'est-à-dire au questionnement traditionnel : "Qu'est-ce qu'une chose ?"; et au-delà, concernant le monde physique, à la question "Qu'est-ce que l'espace ?". Dès lors, "l'herméneutique de la chose n'est jamais limitée au dialogue langage logique / faits de base, elle est toujours enrichie de la contribution de l'herméneutique de l'espace, la géométrie pour l'appeler par son nom disciplinaire". D'autres définitions transdisciplinaires montrent l'ampleur du domaine d'une herméneutique dont nous verrons qu'elle prend place dans une textologie ouverte par ses multiples interprétants. Par exemple, "la mathématique apparaît [alors] comme une pensée, qui ne cesse jamais d'ouvrir une perspective admettant, c'est ce qui lui est propre, la chose formelle comme medium de sa mise en acte". Cette simple définition appelle de nombreux développements et modificateurs faisant référence non seulement aux formules et aux calculs mais également aux signes constitutifs de la "chose formelle" et aux sens qu'ils ne peuvent manquer de recevoir dans des langages spécialisés qu'il s'agisse d'axiomatiques, de "métalangages" ou de "transcendances techniques"...
Charles Roig
Fiche mise en ligne le 12/02/2003