Modélisation de la CompleXité
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"Modélisation de la CompleXité"

Association pour la Pensée Complexe
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Note de lecture

Rédigée par DEMOL Jean-Noël sur l'ouvrage de PETRON Alfred (coord) :
« RECHERCHE-ACTION ET DEVELOPPEMENT LOCAL Contributions au Renouvellement des liens écologiques et sociaux en territoires ruraux »
     Ed. L’Harmattan, 2006, ISBN 2 296 01483 6 , 267 pages
Voir l'ouvrage dans la bibliothèque du RIC

Ndlr: Nous remercions J N Demol et l’éditeur de l’ouvrage de nous autoriser à reprendre ici sous la forme d’une note de lecture l’avant propos par lequel il introduit les lecteurs au contexte historique de cette ‘contribution collective au renouvellement des liens écologique et sociaux en territoires ruraux’

***

Sur l’indissociable lien formation–développement : Cet ouvrage intitulé « Recherche-Action et Développement local » présente au moins deux inscriptions qu’il convient d’évoquer brièvement afin de comprendre sa légitimité.

            La première nous renvoie au mouvement créé par  Henri Desroche il y presque trente ans et qui consistait à créer un nouveau parcours universitaire de formation d’adultes intitulé Diplôme des Hautes Etudes des Pratiques Sociales. Une dizaine d’Universités françaises ont adhéré à ce projet formant ainsi le Réseau ayant comme ancrage la recherche-action coopérative et la formation d’adultes. C’est dans la dynamique de ce projet qu’est né le partenariat Université de Tours - Centre National Pédagogique (CNP) des Maisons Familiales de Chaingy stimulé par André Duffaure alors Directeur de l’Union Nationale des Maisons Familiales, et porté par Georges Lerbet Professeur à Tours et Daniel Chartier Directeur du CNP de Chaingy.     A l’époque et encore à présent, le puissant levier de formation consiste à associer le désir de formation exprimé par des adultes à des questions ou problèmes dits de terrain, source de problématiques et de solutions à construire et dont on ne sait rien à priori.

            C’est précisément ici que le couple Recherche - Action prend tout son sens. Il s’agit bien de produire un savoir prétendant à une validité certaine certes ; mais, de le faire par des investigations dont la nécessité émerge de situations concrètes, locales, vécues au quotidien. Ainsi la recherche engage-t-elle ses auteurs dans une expérience de vie associant les acteurs dans une expérience de vie associant les acteurs locaux concernés directement par les objets. Nous ne développerons pas ici plus amplement la notion de Recherche-Action.1

            Les exemples ici fournis illustrent la production d’un « savoir expérience » issu d’actions novatrices, soumises à une méthodologie et réflexion critique pertinentes avant d’être formalisées et mises en mémoire au service de la communauté. Ils pointent les évolutions, les changements progressifs, certes par la résolution de problèmes concrets, mais également par ce que les acteurs ont pu gagner en lucidité, en capacité de lecture de leur milieu, en potentialité de pouvoir de décision. C’est d’une certaine manière ce qui peut être compris sous le terme développement et notamment à propos du développement local que la recherche-action est censée produire. Le développement demeure insolite (Georges Lerbet, 1998), fortuit, insoumis à la pré-progammation afin d’être ouvert à l’œuvre de l’imagination, à la recherche d’indicateurs autre que le PIB et susceptibles de rendre compte du développement humain  (I. Gadrey, 2002).

            Enfin, les exemples de Recherche - Action ici présentés illustrent (partiellement) l’engagement du coordinateur de l’ouvrage, Alfred Pétron, engagement double par un vécu personnel de Recherche - Action et par la formation des adultes liée au développement local.

            La Seconde inscription de l’ouvrage fait appel au Colloque franco-québécois de Rimouski (Québec) organisé en septembre 1996 sous l’impulsion discrète mais néanmoins efficace de Gaston Pineau, Professeur à l’Université de Tours, favorisant ma rencontre avec Jean-Marc Pilon Professeur à l’Université de Rimouski. Les contextes français et québécois sont certes différents.

            Les Maisons Familiales existent depuis 1937 ceci n’exclue pas pour autant une réflexion salutaire sur l’existant, le colloque en procure une occasion pour les cinquante participants français munis d’un texte à communiquer. Côté Québécois, l’Université de Rimouski, jeune université (1969) s’est dotée de la mission développement de son milieu, question d’autant plus actuelle que les Etats Généraux de l’éducation (1995-1996) mettent en évidence la nécessité d’un partenariat soutenu entre l’école et l’entreprise, l’école et son milieu communautaire.

            Au-delà des différences contextuelles nous nous sommes très rapidement rapprochés autour des questions fondamentales comme : comment l’alternance peut-elle toucher à la fois la formation individuelle et le développement des Collectivités ? Comment articuler développement individuel, professionnel et local ? Comment mettre en œuvre l’alternance pédagogique afin qu’elle produise ce que nous en attendons en terme de finalités, réalisations concrètes ?

            Du Colloque cité plus haut, et intitulé « A l’école de l’expérience : enjeux et stratégies de formation pour le développement de la personne et de la collectivité en milieu rural » ont été réalisées deux productions écrites. La première prend la forme d’un ouvrage collectif publié en 1998 (cf. Jean-Noël Demol et Jean-Marc Pilon) et la seconde, les actes du colloque.

            Curieusement, c’est 10 ans après le colloque québécois que vient ce présent ouvrage dont on peut remarquer la proximité des problématiques traitées avec celles de l’ouvrage cité plus haut. Soulignons ici l’heureuse continuité de l’entreprise, l’encouragement à ne pas tenir les solutions comme acquises et les problèmes comme résolus, la nécessité de mettre en mémoire les travaux, les avancées même modestes afin d’assurer la continuité de la vie réflexive du mouvement des Maisons Familiales et de contribuer à des transferts intergénérationnels. Dans ce sens l’entreprise est à saluer, à être accueillie comme exemplaire dans la Collection Alternances et Développements. Cet ouvrage comme son titre l’indique est destiné à un large public. Souhaitons que le lecteur qu’il soit praticien ou chercheur pourra trouver un mode de lecture à sa convenance en fonction de ses sensibilités personnelles.

Jean-Noël Demol



[1] Pour cette question, voir en particulier : René Barbier, Revue Pour n°90 (1983), Marie Renée Verspieren (1990), Daniel Chartier et Georges Lerbet (1993), Paul Bachelard (coord.(1993), Catherine Guillaumin (2002), Isabel Lopez-Gorriz (2005)


Fiche mise en ligne le 07/01/2007


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