Rédigée par J.L. Le Moigne sur l'ouvrage de CHAZAL Gérard : |
« Le miroir automate - Introduction à une |philosophie de l'informatique » Ed. Champ Vallon. Seyssel 01420. 1995. 254pages |
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Si le titre et le tableau reproduit en couverture (sans référence) sont heureux, le sous-titre est bien dissuasif : la philosophie et l'informatique peuvent-ils se mélanger pour produire autre chose qu'une bouillie verbale ? Je le craignais en achetant le livre, et j'espérais que l'auteur allait nous entretenir d'épistémologie (plutôt que d'une bien hypothétique philosophie) de l'informatique. Espoir presque satisfait, j'en conviens, plus par la conclusion que par l'argumentation, qui révèle un peu trop les émois du philosophe de profession étonné de constater qu'il peut nonobstant entendre - et souvent bien entendre - le discours de la science informatique, au point de se sentir parfois capable de le critiquer ! Conclusion que je reprends ici succinctement :
"L'informatique peut nous rappeler, dans l'urgence de la pensée, que toute science et toute technique ont besoin du détour réflexif de la philosophie... Nous croyons que l'informatique nous suggère bien au contraire la pratique d'une philosophie qui s'implique dans le mouvement même du développements scientifique et technique... non pas en donneuse de leçon, mais en maintenant la vivacité de l'étonnement et de l'émerveillement de la raison devant les choses et devant ses propres pouvoirs. Ce qui nous étonne et nous émerveille, c'est bien cette image de notre raison dans le miroir informatique, ce qui... caractérise l'origine de cet -amour du savoir- qu'est la philosophie"... (p. 243)... "C'est en quelque sorte à l'usage d'une analogie ascétique que nous convie l'informatique : elle appelle le philosophe à l'ascèse des formes abstraites..." (p. 233). Si vous partagez mon attention - et parfois mon enthousiasme - pour ce type de réflexions souvent bien argumentées de solides références, vous serez avec moi plus indulgent à l'égard de l'auteur pour ses inattentions trop fréquentes à la pensée d'H. Simon, et pour l'incomplétude de sa réflexion sur le complexe"symbole".
Un essai dont il faut hélas s'étonner en 1995 qu'il semble si étonnant, et dont vous pourrez recommander chaleureusement la lecture aux informaticiens et aux philosophes de vos amis...
J.L. Le Moigne
Fiche mise en ligne le 12/02/2003