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« DES MONDES BRICOLÉS ?
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Arts et sciences à l’épreuve de la notion de Bricolage par ODIN Françoise et THUDEROZ Christian (Eds.) Ed. PPUR (Presses Polytechniques et Universitaires Romandes) – coll° METIS Lyon Tech.), 2010, ISBN 978 2 88074 901 9, 391 pages et un DVD |
NDLR « La complexité … en attente de bricolage et de bricoleurs » C’est dans ces termes qu’Yves BARELi concluait son intervention à l’une des toutes premières rencontres du Programme Modélisation de la Complexité le 1° juin 1989. La formule est restée, et nous l’espérons, restera longtemps, un des viatiques préférés du Réseau Intelligence de la Complexité. Edgar MORIN ne nous rappelait il pas de façon imagée, en ouvrant son intervention au Grand Débat 2009 du Réseau, que « Bricolage et braconnage sont les deux mamelles de la Pensée Complexe » ?
Aussi est ce avec beaucoup d’intérêt et d’attention que nous découvrons l’ouvrage collectif de fort belle facture que Françoise ODIN et Christian THEVENOZ ont su réaliser, par un bricolage savant à partir des travaux d’un colloque (organisé en novembre 2008 par le groupe de recherche ESCHIL à l’INSA de Lyon) sur le thème initial des contrastes entre nos images contemporaines du bricoleur et de l’ingénieur tels que les exprimaient C Lévi-Strauss dans « la Pensée Sauvage » (1962) : A l’épreuve du complexe bricolage, arts et sciences peuvent- aujourd’hui nous proposer de nouvelles reliances.
Nous reprenons ici la présentation de l’éditeur.
« Cet ouvrage de 400 pages et le DVD de trois heures qui l’accompagne parlent d’art, de bricolage et d’ingénierie. Leur point de départ : l’opposition, formulée par Claude Lévi-Strauss dans La pensée sauvage, entre «l’ingénieur», l’homme du projet et du concept, et «le bricoleur», qui crée avec «les moyens du bord», puisant dans un stock d’objets accumulés sans projet précis.
Cette opposition est-elle réelle? A-t-elle un intérêt ? A-t-elle du sens aujourd’hui? Le livre mène l’enquête: il introduit la figure de l’artiste pour comprendre le travail de l’ingénieur; il propose la notion de «mondes bricolés» pour cerner la manière dont les individus, ingénieurs, managers, professeurs ou artistes créent, conçoivent, enseignent ou prennent des décisions; il observe ce bricolage «en situation»: à l’église, dans un laboratoire ou un port de pêche, en salle de classe, dans l’atelier de chaudronnerie, dans le roman ou sur une scène de théâtre;
Il jette un pont entre bricolage et pensée complexe; il se risque à l’interdisciplinaire, en faisant dialoguer ingénieurs en bioinformatique, philosophes, metteurs en scène, sociologues et gens de lettres. Cet ouvrage original est le résultat d’un bricolage savant. Il mêle textes écrits, photographies, œuvres d’art, séquences vidéo et commentaires audio. Il s’adresse à tous ceux et toutes celles qui pensent que tâtonner, détourner ou expérimenter est au cœur du travail d’innovation, et qu’il n’y a pas de mondes possibles sans un incessant bricolage. »
[i] Yves BAREL disparu prématurément fin 1989 fut certainement un des penseurs pionniers du renouvellement des sciences de l’homme et de la société s’entendant dans leur irréductible complexité. Ses ouvrages sont toujours d’une très grande pertinence pour renouveler la pensée active de la complexité, en particulier : « Le Paradoxe et le Système » (1989) et « La Quête du Sens : Comment l’’Esprit vient à la Cité »(1987). Le texte de sa conférence d’Aix en Provence que l’on évoqué ici est publiée dans le recueil d’hommages publié en 1993 sous le titre « Système et Paradoxe, Autour de la pensée d’Yves Barel » aux éditions du Seuil (pages 197 à 208). Note de JLM.