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Atelier N° 21 - «Arts, société et complexité»
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Projet de l'Atelier
Arts, Société et Complexité : vers un réseau


« ...Tout est en présence, tout en échanges mutuels et modifications réciproques »
Paul Valéry, Cahiers, ed. C.N.R.S., Vol. XIII, p. 273

"Les signes figuratifs surgissent non par rapport à une description du réel mais comme témoin de systèmes mentaux"
P. Francastel, Études de sociologie de l'art, Denoël/Gonthier, p, 68

L’univers des pratiques artistiques, les réflexions sur celles-ci et les œuvres produites, sont perçues - soit intuitivement, soit de façon plus rationalisée - dans les perspectives d’une enrichissante complexité... En effet, les pratiques, leurs objets et les multiples actants, chaque élément étant considéré dans sa singulière altérité et dans son devenir, relèvent de phénomènes interactifs précisément indénombrables qui justifient les expériences modélisatrices menant à l’élaboration d’une vision d’ensemble mais toujours en devenir. Ce qui pourrait alors sembler contradictoire à un esprit positiviste pose ainsi le paradoxe fondamental de l’intelligence de la complexité et contribue à en assurer les bases épistémologiques.

Cet atelier repose sur des réflexions paramétrées par les multiples champs de recherche induits par les phénomènes de création et en particulier de création artistique. Ces réflexions devraient permettre de préciser les fondements épistémologiques des différents domaines de la création artistique envisagés dans leurs implications transdisciplinaires, portant ainsi au jour une nouvelle définition des enjeux scientifiques.

Les sciences sociales, les sciences humaines, les sciences exactes et les procès de création artistique offrent trop de proximités dans leur projet et leur objet pour que l’on hésite à en tirer profit. L'interaction complexe entre les savoirs et les faires génère une réflexion qui à son tour produit de nouvelles formes de connaissances qui contribuent à rendre le monde pensable et habitable.

« Science et art sont des choses inséparables » écrivait Valéry (Cahiers III, 779, ed. CNRS)... Cet argument essentiel oriente vers un type de réflexion qui ne sacrifierait ni à un repli disciplinaire frileux ni à un œcuménisme hésitant et de convention. L’argument, résolument pluridisciplinaire et ouvert, conduirait à comprendre comment une vision globale des choses peut être atteinte sans se clore dans le particularisme des disciplines et comment celles-ci peuvent valablement collaborer entre elles pour innover.

Le propos pourrait donc tout entier se réclamer d’un précepte de Léonard de Vinci, qui recommandait, dans une des leçons réunies dans le Traité de la peinture, de chercher, dans l'objet singulier, la manière spécifique dont se dirige à travers sa matière une ligne flexueuse qui est comme son axe générateur. Ce projet symbolique de créer, à travers un champs de signes, une forme, un système de forces qui fassent trait dans le chaos, mérite d'être considéré pour penser autrement les liens qui unissent les domaines de connaissances et leurs structures protocolaires.

Tous les créateurs, dans leur action polymorphe et singulière, décident de transformer l'existence par l'intelligence vécue. Ces deux aspects complémentaires et inséparables cessent de renvoyer dos à dos l'épaisseur temporelle et le devenir présent pour mener à comprendre que tous les créateurs cheminent sur ces deux dimensions. Dès lors, comment peut-on parvenir à doter la connaissance d'un fondement scientifique qui soit à la fois empirique et formel à partir d'une recherche dont le créateur est à la fois objet et sujet ?

Ne s'agit-il pas de renouer avec cette antique expérience que rappelait Valéry « Arts et sciences sont inséparables » ? Dans l'acte de création, la Poïese, sait-on relever des différences autres que nominales entre les manœuvres intellectuelles de l'artiste et du scientifique ? A partir du signe construit ou décidé, ne s'agit-il pas de retrouver la pluralité des sens, la métaphore des mécanismes de l'esprit, le pro-jet ?

Ainsi, à travers les contributions des membres de l'atelier, pourront être explorés les multiples facettes de cette fascinante interaction qui relie et transforme sans cesse Poïesis et Epistemé, l'acte de créer et l'acte de signifier.

Documents rédigés par les membres de l'atelier
Forum(s) et Liens de l'atelier

Manifestations de l'atelier

Colloque de Carcassonne" « L’information, sa nature, ses pouvoirs » (30 juin, 1er et 2 juillet 2000)

" Univers intellectuel et univers virtuel dans les Cahiers de Paul Valéry " présentation d'HENRI CALLAT

Vous n'avez pas eu peur du titre et vous avez eu mille fois raison ! Je crois qu'il faut remercier chaleureusement Patricia Signorile d'avoir osé aborder sous cet angle, une partie de l'œuvre quasi inconnue d'un très grand penseur contemporain...
Ce qu'on appelle " virtuel " en effet, est peut-être la notion -le concept - les plus pervertis, les plus mal compris à notre époque. Et pourtant l'un de nos plus grands penseurs contemporains, Gilles Deleuze, n'a pas hésité à écrire que " le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel " ! (Différence et répétition).

Comment cela peut-il s'entendre, se comprendre ?

Patricia Signorile nous en fera la démonstration dans un domaine précis : "Les Cahiers de Paul Valéry "...avec la rigueur du scientifique alliée à la sensibilité du poète !

Je ne m'avançerai pas plus avant sur ce terrain, pour la plupart d'entre nous totalement nouveau, à la fois philosophiquement et épistémologiquement...

Il est difficile d’imaginer situation plus défavorable que celle qui nous est faite aujourd’hui…

Il ne nous reste plus qu’à nous souvenir de la pensée de Hölderlin pour ne pas perdre courage : « Plus s’accroît le péril, plus s’accroît ce qui sauve » !...

Notre Colloque se tiendra donc malgré tout et dans l’esprit qui l’anime depuis le début   (je pense à ce week-end mémorable de …1989 où Isabelle Stengers, à la suite de Prigogine, était venue nous dire que le temps n’est pas du tout ce que la plupart imaginent : « le temps est créateur ou il n’est rien »,selon la formule célèbre de Bergson !).

Ce premier Colloque avait en effet pour thème : "La physique et le temps » !…où l’on apprenait que « loin de l’équilibre » (comme d’ailleurs ici dans les marges de l’Université officielle et de la société) il arrivait parfois qu’on se métamorphose…

Nous allons découvrir, ce week-end, une « troisième dimension » du réel pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs avec la notion -le concept- d’ »information » !

Nous avons décidé d’en examiner les multiples facettes avec les interventions de 10 universitaires venant de 10 disciplines différentes conformément à la règle du jeu que nous nous sommes fixée depuis 12 ans.

Une « Table ronde » de synthèse clôturera dimanche l’ensemble de ces travaux.

Voilà pour l’essentiel du déroulement de ce Colloque.

 

J’ai dit « essentiel » un peu vite peut-être…car je dois rappeler que nous sommes, à Carcassonne, entre deux sommets de la pensée et de la poésie contemporaines étroitement liés, imbriqués : Paul Valéry à Sète et Antonio Machado à Collioure où il repose depuis la « retirada » des Républicains espagnols en 1938-1939 !

Et voilà pourquoi, en ces lieux, qui dit science dit en même temps et du même mouvement, joie de comprendre et d’exister, de vivre, au sens spinoziste du terme : « laetitia » : bonheur par « agrandissement » de l’âme et de l’être !

Nous sommes ici habitués à ne rien séparer, mais à tout lier, à tout relier (très pascaliens et moriniens à la fois ) comme dans le monde et dans la vie, le vrai monde et la vraie vie !

Je dirai presque que nous sommes inter et transdisciplinaire « de naissance »… très exactement comme dans la dernière strophe du « Cimetière marin » :

« Le vent se lève !…il faut tenter de vivre
……………………………………………
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez,vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! »

Il ne me reste plus qu’à nous souhaiter un excellent Colloque !


Compte rendu du XII° colloque interdisciplinaire de Carcassonne - 30 juin-2 juillet 2000 -

Le XIIème colloque interdisciplinaire de Carcasonne, présidé cette année par Sylvie Vauclair, astrophysicienne et professeur à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, organisé et animé par Henri Callat (Atelier 21 du Programme Européen Modélisation de la Complexité), Maurice Pasdeloup (Atelier 29) et Patrick Gatines s'est tenu du 30 juin au 2 juillet dans les locaux de Notre-Dame de l'Abbaye.

Le thème retenu, L'information : sa nature, ses pouvoirs, était en lui-même annonciateur de belle transversalité et le programme mis au point par les organisateurs proposait un large éventail disciplinaire mais surtout épistémique. De fait, le parcours des communications retenu par Henri Callat - communications pour certaines déjà disponibles sur le site web du Programme MCX (atelier 21) en attendant la publication des Actes du colloque par un éditeur toulousain - était de nature à provoquer chez les quelques Parfaits - pour reprendre la terminologie de Jean-Louis Le Moigne - qui s'y trouvaient pertinemment égarés, des indignations académiques qui, du moins faut-il le souhaiter, leur auront permis de penser simultanément les contraires et d'avoir ainsi accès à l'un des paradigmes essentiels de la complexité.

Ceci dit les échanges qui ont eut lieu pendant ces trois jours entre dix universitaires venus de disciplines différentes et un public attentif autant que passionné auront contribué à affiner le concept d'information, « troisième dimension fondamentale, au delà de la masse et de l'énergie » pour K.E. Boulding, information qui n'est donc « ni la masse, ni l'énergie » mais « l'information » (Norbert Wiener). L'information a ainsi été mise en regard de la communication par Daniel Bougnoux, qui en dégage, dans un savant contrepoint, une définition qui n'émarge pas aux poncifs habituels et restitue à l'information son rôle paradigmatique dans l'élaboration du réel. Abordant la question de l'Information et des réseaux de télécommunication, Jacques Dupraz a eu le mérite de rappeler, par le biais d'une approche techniciste, quelques notions de physique élémentaire.

D'autres communications abordaient le problème de l'information sous l'angle pédagogique, biologique, socio-politique ou cosmique mais toujours dans son intrication avec le réel, mettant en évidence les modifications inter-agissantes de ces deux notions. Dans ce contexte, la problématique de Robert Redeker s'interrogeant sur le fait de savoit si Internet - responsable par ailleurs de « la mort de l'humanisme » (sic) - était ou non « l'avenir de l'homme » paraissait un peu naïvement posée, s'inscrivant d'emblée dans une logique de rejet. Face au « bilan d'un technicisme négativiste - réducteur et pessimiste - sur fond de perte identitaire » qui venait d'être dressé, Patricia Signorile fut ainsi amenée à poser deux questions qui eurent le mérite de recadrer la communication dans l'esprit du colloque, soulignant entre « le thuriféraire des Nouvelles Technologies et l'iconoclaste de la cyber-communication » l'existence d'une troisième voie qui serait celle de l'apprentissage et de la participation, et surtout de faire le lien entre la communication prononcée la veille sur Univers intellectuel et univers virtuel dans les Cahiers de Paul Valéry et la Table Ronde autour de Jean-Louis Le Moigne qui cloturerait le colloque.

L'enjeu de la démonstration de Patricia Signorile était triple : philosophique, anthropologique et pédagogique. Après avoir démontré en quoi les opérations de la virtualisation, utilisent les matériaux empiriques accumulés pour mettre en évidence le noyau invariant d'opérations élémentaires à l'oeuvre dans tous les processus de virtualisation, ce propos a été illustré par l'analyse de l'interaction homme/support expérimentée dans les Cahiers de Paul Valéry. En effet, le texte des Cahiers est mis en mouvement, pris dans un flux, vectorisé. Très proche du mouvement même de la pensée, il devient finalement analogue à l'univers de processus auquel il s'entremêle.

Jean-Louis Le Moigne, autour de qui était organisée la Table ronde finale, a proposé une réflexion sur « l'invention de l'information » et dans un exposé brillantissime a rappelé, de la théorie mathématique de la communication en passant par les sciences de la complexité, comment l'information se crée, se fabrique, insistant au passage sur la nécessité de ne pas en être dupe, et donc sur l'obligation d'une interrogation et d'une vigilence épistémique constante.

Le colloque s'est terminé par les traditionnelles agapes, joyeusement partagées cette année au Mas de Trencavel, dans la campagne languedocienne, avec la participation du chanteur occitan Claude Marti, belle façon d'illustrer in fine un mode de reliance communicationelle entre tradition et hypermodernité.

Marc Signorile

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